Votre moyen de transport préféré ?
Christoph Hoffmann : Sans hésitation, le vélo… ou une belle voiture. Cela m’arrive néanmoins d’être obligé de prendre l’avion pour le business et j’avoue que je ressens toujours une certaine appréhension dès que je quitte le sol.
Une histoire qui vous est arrivée dans un avion ?
Ma phobie de l’avion me contraint à prendre le siège près du hublot. Hélas ! une fois, j’ai été placé par erreur sur le siège du milieu. Pendant le vol, j’ai pris peur et j’ai dû réveiller ma voisine qui dormait profondément – pas très gentleman, je sais, mais j’étais à la limite de la panique ! – pour lui demander si nous pouvions échanger nos sièges. De l’autre côté de l’allée, le mari, furieux que j’aie réveillé sa femme, a commencé à s’en prendre à moi…
Votre compagnie préférée ?
Étant allemand mais grand fan de la Suisse, je ne peux me décider entre Lufthansa et Swiss…
Le plus beau voyage de votre vie ?
Il y en a plusieurs, pour des raisons différentes. Par exemple, quand tu es jeune et que tu n’as pas de moyens, il y a certaines choses qui te rendent très heureux, comme ton premier voyage à l’étranger, le premier voyage avec ta première voiture, le premier avec ta petite amie… Avec ma 2CV, j’ai effectué un périple entre mon école hôtelière, qui était en Suisse, et Jérusalem : je m’en souviendrai toute ma vie. Aujourd’hui, je trouve mon équilibre en arpentant la nature, idéalement en famille. Lorsque je voyage pour le travail, j’essaie d’en profiter pour nourrir ma curiosité et mon inspiration en découvrant de nouvelles cultures : je visite des hôtels, des restaurants et, surtout, je passe du temps avec des gens qui me parlent de leur pays.
Une ville dont vous ne vous lasserez jamais ?
Paris ! J’aime ses ambiances uniques : c’est une ville élégante et distinguée, chargée de culture, et cela inclut bien sûr la nourriture et les bois- sons françaises, que j’adore ! La ville possède un charme différent de celui des autres grandes capitales. Beaucoup de quartiers sont restés authentiques et échappent encore à la dictature des grandes franchises.
Quelle est pour vous la définition des vacances de rêve ?
Deux solutions : passer de bons moments avec ma femme et ma grande fille dans notre nouveau chalet des montagnes suisses. Ou partir en randonnée avec mes amis, sur des chemins extraordinaires, en Europe… Avec des vues magnifiques et de bons repas arrosés de bon vin à la fin de la journée !
Où rechargez-vous vos batteries ?
Principalement à la montagne. J’adore ça, bien plus que d’être au bord de la mer. J’aime faire du ski et de la randonnée. Être en pleine nature et dormir dans une hutte, par exemple…
Où sont vos racines ?
J’ai grandi dans la Souabe, une région du sud de l’Allemagne. Je peux encore ressentir un peu du fameux Heimat (l’appartenance à la terre natale, NDLR) quand je reviens dans le coin où j’ai grandi. Mais je constate que ces liens se distendent au fur et à mesure que je vieillis…
Où se trouvent vos plages préférées ?
Ce sont celles que l’on trouve sur une île allemande très populaire, appelée Sylt, près de la frontière danoise. C’est un endroit aussi magique en été qu’en hiver. Très sauvage, rugueux, mais surtout intact…
Vos dernières vacances ?
Honnêtement ? Je suis allé faire une « détox » près du lac Tegern, en Bavière. Et j’ai essayé de combattre ma peur de l’avion grâce à l’hypnose.
Vos prochaines vacances ?
Une petite virée au resort Six Senses Zighy Bay, dans le nord de la péninsule de Musandam, dans le sultanat d’Oman.
Quelle destination vous a le plus déçu ?
Où que j’aille, je suis surtout déçu par l’uniformisation, qui conduit à une certaine monotonie du paysage urbain, des boutiques, hôtels et restaurants.
Qu’est-ce que vous n’aimez pas dans le voyage actuel ?
Les aéroports sont de plus en plus insupportables. Il y règne un manque flagrant de créativité dans les agencements… Pourquoi trouve-t-on les mêmes offres partout ? Pourquoi ne pas surprendre les voyageurs avec des accès aux toits ou des services de luxe ? Le tourisme à l’ancienne me manque, sans les voyageurs accros à leurs smartphones. À l’époque, voyager était une affaire de spontanéité et de véritable découverte.
Que faites-vous quand vous arrivez dans une chambre ?
Je les fréquente si souvent que, chaque fois, j’essaie de recréer un petit chez-moi : j’installe mon poste de travail et j’essaie de tout garder bien en ordre. J’écoute ma station de radio préférée (SWR3), peu importe où je suis, et j’essaie de contrebalancer la lumière froide des LED avec des bougies.
Quel est votre magazine préféré ?
Je m’intéresse à tous les magazines de voyage, food et design. Ils me permettent d’être à jour avec mon univers professionnel. Si je veux savoir ce qu’il se passe dans le monde, je lis l’iconique hebdomadaire Der Spiegel. Mais j’aime surtout me plonger dans IDEAT, l’un de mes magazines favoris !
Comment voyez-vous le futur de l’aviation et du voyage ?
Je crains qu’à l’avenir les considérations de sécurité n’influent beaucoup sur le tourisme. On observe déjà des changements de paradigmes importants : les vacances en famille se déroulent, par exemple, désormais de plus en plus dans le pays de résidence. Les gens ne veulent plus s’envoler vers une destination où ils ne se sentent pas tranquilles. Néanmoins, l’ergonomie, le confort et l’intégration de la technologie continueront de se développer.
Où se cache la ville du futur ?
Au cours de la dernière décennie, Berlin est devenue l’une des villes européennes les plus dynamiques, tout en conservant sa sympathique imperfection. Elle possède encore un immense potentiel… Mais je dirais aussi Saint-Sébastien, pour sa culture innovante de la nourriture, comme les pintxos (tapas basques, NDLR), et son ouverture idéale vers l’Atlantique ; et enfin Lisbonne, pour la beauté de la nature et la vie dans la rue, à l’ancienne.
La destination où se rendre en 2018 ?
Zurich ! Au bord d’un lac magnifique, elle cultive une qualité de vie incroyable. Vous pourrez y séjourner dans l’un des deux hôtels 25Hours de la ville. Oh ! j’allais oublier, les montagnes suisses sont à deux pas…
Comment embellissez-vous votre quotidien ?
En gardant la liberté d’organiser mon agenda de manière à combiner affaires et loisirs. En choisissant moi-même les lieux et les hôtels où je me rends et en rencontrant des personnes inspirantes venues de tous horizons…
À quoi veillez-vous quand vous êtes à l’étranger ?
À respecter les cultures locales et à agir en voyageur et non en touriste.
Qu’est-ce que vous n’oubliez jamais quand vous partez ?
Comme je ne sais jamais exactement combien de temps je vais partir, je voyage malheureusement avec beaucoup trop de bagages… Ma valise est un peu mon chez-moi. Ce que je n’oublie jamais, c’est un bon livre !
Que pensez-vous d’Airbnb ?
C’est une idée de business incroyable, mais elle a ses inconvénients, notamment lorsque les habitants d’une ville n’ont plus les moyens de vivre dans leur quartier. Personnellement, je préfère un hôtel inspirant avec plein d’activités plutôt que de rester chez des gens que je ne connais pas…
En quoi voulez-vous changer le business de l’hôtellerie ?
Je me concentre sur la création d’adresses qui développent une atmosphère particulière. Pas seulement pour y passer la nuit, mais pour y passer du temps : dans les espaces publics, les corners de marques, au bar… partout, et ce, même si vous ne séjournez pas à l’hôtel… Je veux rassembler les gens, mélanger les hôtes avec les résidents du quartier et de la ville. Avec mon équipe, nous essayons de contribuer au virage que connaît actuellement le monde de l’hôtellerie.
Quel sera le challenge dans le futur pour l’hôtellerie ?
Tant que l’humanité existera, les gens voyageront. Les activités liées à ces déplacements vont se développer énormément dans les prochaines décennies, pour les loisirs ou les affaires. Bien sûr, le terrorisme, qui est le fléau de notre temps, continuera d’entraver la croissance du tourisme dans certaines régions du monde. Mais je crois aussi que les voyageurs deviendront de plus en plus sophistiqués et que les hôtels vont refléter la multitude de leurs aspirations. J’espère avoir encore la chance de participer à la création de quelques établissements qui érigent la simplicité en véritable luxe.
Un livre qui parle du voyage ?
Deux ! The Collector of Worlds, d’Ilija Trojanow, et La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry, de Rachel Joyce.
Un film ?
Easy Rider, de Dennis Hopper.
Un explorateur qui vous fascine ?
Ernest Shackleton (1874-1922) pour ses talents de manager et son endurance dans la découverte de l’Antarctique. Et puis Alexander von Humboldt (1769-1859) tel que le dépeint Daniel Kehlmann dans son livre Les Arpenteurs du monde (Actes Sud). Je trouve très impressionnantes ses bourlingues à travers le monde…
Où, à Paris, aimeriez-vous installer un 25Hours ?
En de nombreux endroits ! Nous allons en ouvrir un tout près de la gare du Nord, dans le majestueux bâtiment qui surplombe le parvis. Il a été construit dans les années 1860, peu après l’ouverture de la gare, et nous sommes en train de le rénover. Avec notre équipe de designers, nous travaillons sur un patchwork d’influences parisiennes. Nous visons une clientèle locale et les voyageurs qui transitent par cette gare, la plus fréquentée d’Europe. La première tranche du 25Hours Hotel Terminus Nord ouvrira à la fin de l’été.
Quel est votre quartier préféré à Hambourg ?
J’adore, bien sûr, HafenCity, non seulement parce que nous y avons notre siège social et deux hôtels, mais aussi grâce à l’Elbphilharmonie, un véritable monument architectural. J’apprécie aussi Winterhude, où j’ai vécu ces dernières années, et Ottensen, plus bohème et dynamique. Je vous conseille les restaurants Gallo Nero, à Winterhude, et Petit Amour, à Ottensen.
Comment définiriez-vous Hambourg ?
Hambourg est une ville magnifique, cosmopolite et riche. Ce que j’aime surtout, c’est son ouverture d’esprit et la modestie de ses habitants. Ce que j’apprécie moins, c’est clairement sa météo !