Le renouveau dans la continuité… C’est un peu une devise chez Minotti. Particulièrement fière de son héritage, la marque italienne fondée en 1948 revendique son histoire familiale. Car, selon Roberto Minotti, qui dirige aujourd’hui l’entreprise avec son frère Renato, « une telle longévité est le fruit d’une passion pour le travail bien fait transmise par notre père, Alberto ». Une figure tutélaire qui reste très présente, malgré sa disparition en 1991, et continue d’influencer les choix stratégiques de l’entreprise. Alors que nombre de compagnies italiennes ont désormais cédé aux charmes des fonds d’investissement, le caractère familial de Minotti demeure la meilleure garantie d’une vision à long terme de son identité. « L’entreprise porte nos noms, nos visages. C’est d’abord à nous de travailler dur pour la mener dans la bonne direction », explique Roberto.
C’est donc en famille que les frères Minotti prennent les décisions majeures, épaulés aujourd’hui par trois de leurs enfants. Ensemble, ils avaient déjà entamé un important virage en 1997, en faisant pour la première fois appel au designer Rodolfo Dordoni. « Nous étions à un moment de notre histoire où nous comprenions qu’une collaboration de long terme avec un architecte d’intérieur serait bénéfique à notre développement », rappelle Renato.
Initialement prévue pour cinq ans, cette collaboration sera renouvelée à quatre reprises pour finalement durer vingt ans. Collection après collection, Dordoni et les frères Minotti vont réécrire l’ADN de la griffe, celui de la qualité made in Italy et de l’innovation dans la continuité. « Ce fut un long voyage où nous avons appris à mieux nous connaître à travers chaque produit, chaque projet, poursuit Roberto. Ensemble, nous avons progressivement redéfini l’identité de la marque jusqu’à proposer aujourd’hui une solution complète d’aménagement résidentiel. »
Forte d’une image désormais reconnue sur le marché international, Minotti aborde à présent un nouveau virage en élargissant le champ de ses collaborations. « En 2018, nous devions renouveler notre stratégie marketing pour les cinq ans à venir, poursuit Roberto. Pour marquer nos 70 ans, nous avons voulu nous ouvrir à d’autres designers. » Ainsi, au dernier Salon du meuble de Milan, l’entreprise dévoilait une pléiade de nouveautés : des pièces créées par Dordoni, mais aussi un système outdoor modulaire signé par l’architecte brésilien Marcio Kogan, une table et un canapé deux places du studio japonais Nendo et un grand programme de canapés conçu par Christophe Delcourt.
« Nous avons travaillé sur une assise composable à partir de plus de 70 éléments pour créer des sensations et des niveaux de conforts différents, confie le designer français. Le dossier forme une vague qui permet de nombreux ajustements et diverses postures. » Déjà, l’an dernier, une première collaboration avec Delcourt (les chaises et fauteuils de la collection « Fil noir » et les tables « Lou ») préfigurait l’ouverture de la marque à d’autres horizons. Le designer s’est réjoui de prolonger l’expérience avec un canapé : « L’entreprise est réputée pour la qualité de ses assises. Elle a un énorme bureau d’études, une technicité et un incroyable savoir-faire qui permettent une grande liberté de création. J’ai dessiné des éléments que je n’aurais jamais pu développer avec d’autres. »
Ces nouvelles collaborations traduisent la volonté farouche de la société de continuer à relever des challenges inédits. « Nous avons connu beaucoup de succès au cours des soixante-dix dernières années, mais nous voulons toujours faire mieux », conclut Roberto. Et si elle regarde le futur avec envie, Minotti reste fidèle à son passé. À l’occasion de son anniversaire, la marque vient d’ailleurs de rééditer deux canapés signés Gigi Radice dans les années 60, et baptisés Albert et Ile, en hommage aux parents de Roberto et Renato.