C’est une des familles les plus discrètes de la Brianza, ce coin d’Italie du nord, entre Côme et Milan, où se concentrent quelques-uns des plus célèbres éditeurs de mobilier. Antonio Tacchini, le patriarche, a laissé la place à la deuxième génération, aujourd’hui à la tête de l’entreprise qui porte son nom. Peu médiatiques comme leur père, Giusi et Maurizio, respectivement fille et fils d’Antonio, accordent peu d’interviews et communiquent à peine sur l’histoire de la marque.
Sur son site, quelques rares informations sont lâchées au milieu d’un verbatim qui vante la qualité de la production de l’entreprise et compare sa philosophie avec celle qui se trouve aux racines du design italien, notamment avec le travail d’Achille Castiglioni. « La force de l’idée », « le savoir-faire », « la sélection des matériaux » : des valeurs dont se revendiquent de nombreux éditeurs de design et tout particulièrement les Italiens ! Pour en savoir plus sur cette maison très italienne, mais qui compte dans son catalogue des signatures françaises, comme celles de Christophe Pillet ou de Noé Duchaufour Lawrance, et celle du trio suédois Claesson Koivisto Rune, il ne reste plus qu’à observer en détail ses créations.
Présentée à Milan en avril dernier et dessinée par un pool de designers internationaux, la dernière collection de Tacchini évoque des lignes à la Gio Ponti, la rigueur d’un Mies van der Rohe, la fantaisie d’un Fornasetti, et traduit surtout son souci de proposer un mobilier qui réponde chaque fois un peu plus à l’évolution des usages. Comme souvent, la formule a été confiée à des habitués de la maison, tels que le duo de designers britanniques Pearson- Lloyd qui collabore avec elle depuis plus de dix ans.
Concernant son travail avec Tacchini, Tom Lloyd parle d’« intelligence du produit »: « Nous réfléchissons beaucoup aux espaces communs, qu’il s’agisse d’espaces de travail ou de halls d’hôtels, nous aimons que les gens puissent se rencontrer, discuter entre eux, s’installer comme ils le veulent », explique celui qui présente cette année, avec son partenaire, un espace modulable nommé Ischia, du nom d’une île au large de Naples : trois banquettes arrondies couleur terracotta, accompagnées d’une cloison et d’un bout de canapé qui laissent la possibilité aux utilisateurs d’imaginer la composition de leur choix, de créer le « paysage » qui convient le mieux à la fonction du moment.
« Le sens de l’art », c’est une autre des qualités que Tom Lloyd apprécie chez Tacchini : « Le design est une réponse émotionnelle à une problématique. Avec Maurizio et Giusi, on se sent très libres d’apporter la nôtre », ajoute-t-il. Également dessinés par PearsonLloyd, les paravents en tissu Nebula (Kvadrat), lancés il y a deux ans, ressortent d’ailleurs cette année dans deux nouvelles versions customisées par des artistes, l’une revêtue de décors signés Jean Dunand (une des grandes figures de l’Art déco) et l’autre, de dessins de l’Italienne Lucia Pescador. Histoire de doter ces objets aux lignes déjà fantaisistes d’une charge affective supplémentaire.