Dans ce Haut Marais qui ne cesse de faire le beau (voir le numéro #130 d’IDEAT, actuellement en kiosques), l’Hôtel national des Arts et Métiers est depuis l’été l’outsider qui marque des points. Loin du faste surmédiatisé d’un palace légendaire rouvrant ses portes au même moment, la métamorphose de deux immeubles haussmanniens en une adresse chic pour initiés se jouait en sourdine mais non sans élégance.
Le challenge esthétique du lieu relevé par le talentueux designer Raphael Navot – repéré par David Lynch qui lui confia l’iconoclaste décor du club Silencio – n’y est pas étranger. Heureux hasard de notre visite, Francis Ford Coppola en personne jouait la guest-star. En fin connaisseur (sa propre compagnie hôtelière, The Family Coppola Hideaways, ne compte que des pépites), le réalisateur du Parrain se fondait dans le décor et goûtait l’aura singulière qui s’en dégage.
Le Penthouse, la plus belle suite de l’hôtel, avait tout pour le retenir : 100 m2, des mensurations d’appartement parisien éclaboussé de lumière naturelle et paré d’objets choisis avec soin. Quelques marches plus haut, le superbe rooftop bar réservé aux résidents offre 360° de vues imprenables en plein cœur de la capitale. Plus bas, à l’ombre de l’église Saint-Nicolas-des-Champs, le hall, théâtralisé dans le granit sombre et le calcaire immaculé, emprunte à l’Art déco une dramaturgie qui s’évapore subitement dans un jardin d’hiver.
Au fond, le bar se vit comme une énigmatique caverne, l’antre rêvé d’un herboriste déjanté (l’Herbarium) incarné par Oscar Quagliarini, le barman milanais au savoir de parfumeur. Le Ristorante et sa cuisine affairée, ouverte à tous les regards, communique avec la Cicchetteria, un comptoir à tapas italiens mi-salon mi-terrasse.
Dans les deux cas, la carte crédite les trésors de la Botte : une mozza di bufala (500 g ! ), un poulpe croustillant ou une piccata qui appellent naturellement au partage entre amis. Dans le rôle du restaurateur, Julien Cohen (Cailloux, Grazie, Pizza Chic, Marzo…), ici associé au tandem du branché Bambou, n’a pas eu besoin d’ajouter les sous-titres pour faire valoir la qualité des produits.