« Depuis le début de ma collaboration avec Fendi Casa en 2012, je n’ai cessé de proposer une approche différente du canapé pour apporter de nouvelles idées en termes de volumes et de matériaux, raconte Toan Nguyen. Alberto Vignatelli [le fondateur de Luxury Living Group, NDLR] est un passionné et, avec lui, les échanges sont toujours très riches. On ne travaille jamais sur un cahier des charges fermé, qui serait le fruit d’une froide analyse marketing, on est davantage dans l’instinct. » A la base, l’objectif du designer était donc simple : rendre invisible la structure portant les coussins d’assise.
Parallèlement aux requêtes d’une clientèle acquise depuis de nombreuses années à la griffe italienne, à son grand classicisme et à son confort optimal, il existe des collections qui offrent une vision plus contemporaine du luxe. « Six Shades of Palmer veut faire découvrir Fendi Casa sous un autre angle, reprend le designer, où le luxe ne serait pas forcément synonyme de surenchère décorative mais au contraire de lignes rigoureuses et sans ostentation. Le lien avec la mode reste néanmoins très important, tout comme l’amour que porte la maison à l’artisanat, au fait main, au sur-mesure, à la dimension graphique et chromatique, et au refus de céder à une forme de nostalgie. »
Faisant partie du Luxury Living Group (leader dans l’ameublement de luxe), la vocation de Fendi Casa est de meubler les espaces de la même façon que la prestigieuse griffe romaine créée en 1925 a habillé des générations de femmes. Et cela à travers une image glamour et urbaine qui englobe des collections classiques comme contemporaines.
Pour ce dernier-né de la gamme, les sources d’inspiration restent vagues pour ne pas dire multiples… voire contradictoires ! Après analyse, elles résultent d’un subtil jeu de nuances, en l’occurrence l’Art nouveau pour la fluidité des courbes végétales, les années 20 pour le croquis des pieds et enfin le Bauhaus pour la radicalité des lignes industrielles. Au final, c’est d’une harmonie totale. « Je suis extrêmement satisfait du résultat, confirme Toan Nguyen. La légèreté du dessin original a été respectée, les assises semblent suspendues et les pieds d’une apparente fragilité soutiennent le canapé sans aucun pied antérieur central. Et surtout sans aucun compromis avec le confort et la stabilité. »
Cette obsession de la qualité se retrouve dans la qualité irréprochable des velours, des nubucks et des tissus, dans le mélange pertinent des tonalités pastel et des rouges dégradés, dans ce sens naturel du métissage et d’une radicalité élaguée de sa froideur qui cadre avec la formation et la philosophie du designer né à Paris en 1969 et diplômé de l’ENSCI-Les Ateliers de Paris en 1995.
Riche d’une expérience depuis plus de vingt ans avec les plus grandes marques réputées du design italien, Toan Nguyen débute à Barcelone dans l’agence d’Alberto Lievore, puis poursuit sa carrière à Milan chez Antonio Citterio où il collabore à divers projets (Axor Hansgrohe, B&B Italia, Flos, Iittala, Kartell, Technogym, Vitra…) et travaille aujourd’hui en Europe, en Amérique du Nord et en Asie (Dedon, Laufen, Lema, Busnelli…). Seul bémol peut-être, ne pas avoir dévoilé, dès le lancement de Six Shades of Palmer, ses nombreuses déclinaisons.
Bémol réparé durant le dernier Salon du meuble de Milan, où Six Shades of Palmer a été présenté avec ses premières compositions. Reste le risque de sombrer dans la facilité lorsqu’on travaille pour une marque depuis plus de six ans… « Pas de danger, rétorque le designer, car même si j’ai été contacté pour compléter la gamme Fendi Casa et lui apporter une autre vision des choses, chaque projet est une remise en question permanente, à condition de rester pertinent et cohérent avec l’esprit de la marque, tout en essayant de convaincre ceux qui n’y ont pas encore adhéré. Toute création est le fruit d’une collaboration et celle-ci a été très fructueuse… »
