Plus italien, ce n’est pas possible… Voilà tout simplement ce que suggère le fauteuil Moretta, dont Zanotta fête les 100 ans. Rien de baroque là-dedans, au contraire. En 1917, Bernard Marstaller conçoit une sorte de fauteuil d’aide de camp, chic et simple, parfaitement démontable, inspirée de la chaise Roorkhee qui équipait les militaires britanniques.
Avant même Le Corbusier et sa chaise basculante dessinée en 1928, Marstaller peaufine le Moretta – aujourd’hui édité en toile ou en cuir par Zanotta –, dont le côté classique sans être vieillot séduit toujours. Même ses montants en hêtre naturel donnent l’impression d’être les éléments d’un savant jeu d’assemblage pour ébéniste.
À la fin des années 30, alors que Zanotta n’existait pas encore, l’architecte et designer Carlo Mollino, déjà possédé par l’idée d’intégrer dans le design tout ce qui pouvait évoquer le corps des femmes, met au point le miroir Milo, dont la forme rappelle le déhanché de la fameuse Vénus sans bras du Louvre, mais sans la tête. On dirait un exercice surréaliste…
En 1957, Zanotta n’a que 3 ans, quand Achille et Pier Giacomo Castiglioni, deux des trois incroyables frères Castiglioni, se mettent en tête de repenser la fonction des objets du quotidien. Comme Gaetano Pesce le fera plus tard, Achille parlera de « désobéir au commanditaire pour être poétiquement libre ». Nés il y a soixante ans, leur tabouret bas Mezzadro, reprenant l’assise d’un tracteur, puis le tabouret haut Sella, une selle de vélo, sont devenus des icônes du design.
Qui sait s’il n’adviendra pas la même chose de best-sellers plus récents, comme l’extravagant sofa Koochy, de Karim Rashid, ou la chaise empilable Talia, de Roberto Barbieri, un poil plus sage, qui fêtent leurs 10 ans cette année ? On peut finalement être une fabrique d’icônes et célébrer ses classiques tout en incarnant les vertus contemporaines du made in Italy…