Qu’est-ce qui fait la spécificité de BD Barcelona ?
Notre particularité, c’est le caractère artistique de nombre de nos créations depuis nos débuts. BD Barcelona se distingue en tant qu’éditeur de design sans ateliers en propre, mais qui réalise toute sa production dans la région de Barcelone, en combinant processus artisanaux et industriels. Enfin, nous rééditons le mobilier historique d’Antoni Gaudi et assurons la distribution exclusive dans le monde entier du mobilier de Salvador Dali.
Avec quel type de designer collabore BD Barcelona ?
Le catalogue de BD Barcelona a cette fibre artistique qui le singularise, du vase Shiva qu’Ettore Sottsass a dessiné aux débuts de l’entreprise dans les seventies, jusqu’à la table B de Konstantin Grcic, que je vois comme une œuvre d’art industriel. Si l’on regarde les profils des designers avec qui l’on a travaillé ces dernières années, on s’aperçoit qu’ils sont tous représentatifs de cette veine artistique.
Que répondez-vous aux designers qui se plaignent d’être « choisis pour leur signature » ?
Que si presque tous les designers avec qui nous travaillons sont mondialement connus, la plupart d’entre eux ne l’étaient pas quand nous avons commencé à collaborer. C’était le cas de Jaime Hayon, par exemple.
Comment en êtes-vous venu à travailler pour BD Barcelona ?
La première fois que j’ai entendu parler de BD, c’était dans les années 1980. Beaucoup d’étudiants découvraient le design dans le célèbre showroom BD de la Casa Thomas. Ensuite, quand j’étais rédacteur en chef des revues De Diseño et ARDI, j’étais très attentif à leur évolution. En 1997, ils m’ont sollicité comme designer graphique pour concevoir leur nouveau catalogue. Mais j’ai préféré leur faire un livre-catalogue pour commémorer leur 20e anniversaire. Deux-trois ans après, ils m’ont proposé de prendre en charge la direction artistique, c’est-à-dire la responsabilité de sélectionner et de développer les créations que propose BD Barcelona.
Comment travaille le directeur artistique de BD Barcelona ?
Mon travail est à 360°. Je propose une idée, je cherche la personne la plus adéquate pour la définir et l’aide ensuite à la concrétiser. Pour ce développement, je suis en lien direct avec l’équipe technique. Je suis de toutes les étapes du développement. Je m’occupe aussi de la communication et souvent, j’écris même un article dans une revue.
BD Barcelona a été créé par des libre-penseurs des seventies. Comment leur rester fidèle en 2017 ?
Se rappeler d’abord que depuis le début, BD possède une marque de fabrique, fruit de la curiosité de ses fondateurs à un moment où le design commençait juste à émerger en Espagne. Aujourd’hui, il est nécessaire d’être plus spécialisé afin d’avoir une présence forte dans certains segments commerciaux. Nous pourrions développer de tout mais il ne serait pas logique de créer des cuisines ou des boîtes aux lettres. Il est donc plus raisonnable pour nous de travailler sur ce qui nous fait battre le cœur, avec les risques que cela comporte. C’est inscrit dans l’ADN de BD et il faut remercier ses fondateurs d’avoir défendu cela jusqu’à aujourd’hui.
En quoi les créations de mobilier de Dali et de Gaudi sont-elles pertinentes aujourd’hui ?
Ce sont des créations artistiques et l’art a une durée de vie plus longue et plus pertinente qu’un lave-linge, aussi bien dessiné soit-il !
Qu’y a-t-il de plus précieux dans votre travail chez BD ?
La liberté de pouvoir expérimenter avec tout ce qui peut être nouveau.
Retrouvez notre reportage au siège de BD Barcelona dans notre numéro #129, en kiosques jusqu’au 13 octobre 2017.