Constance Guisset ne parle jamais aussi bien de son travail qu’en déambulant dans son studio. De plus, la designer n’est pas atteinte du syndrome du « moi je ». Alors qu’elle arpente les 180 m2 de son agence, elle loue à plusieurs reprises le travail de son équipe. « Un studio à un moment donné, c’est une aventure humaine. Des gens y passent du temps, de façon permanente ou temporaire. Ce travail ensemble est une aventure qui évolue », explique la designer. Elle n’est pas la seule à le penser, mais c’est l’une des rares à le dire comme ça.
Débit rapide, idées précises, Constance est dense. On la suit le long de son parcours habituel, où elle échange et phosphore d’un bureau à l’autre. Pas de « bureau de Constance », dont on chuchoterait la dénomination avec précaution. Au début, le studio était installé chez elle. Elle y recevait ses collaborateurs. Il y a cinq ans, après un intermède ailleurs, elle a trouvé son lieu dans une rue du XVIIIe arrondissement, pile sur sa ligne de métro et en rez-de-chaussée, livraison oblige. « C’est le seul quartier où l’on peut trouver quelque chose d’un peu grand », commente-t-elle.
Le local, lumineux, avait été une entreprise de matelas avant de devenir un logement. Ses espaces ont été transformés en un dédale ponctué de quelques marches. Plutôt en ordre, on ne sent pourtant pas la main glacée d’une control freak. « C’est un lieu de travail. Comme la marée, le désordre monte parfois. Après, on range. Il y a un fond d’organisation assez clair. C’est la vie… On ne peut pas travailler et ranger en même temps, sinon on devient fou. »
Dès l’entrée, alors qu’elle montre rapidement le premier bureau, elle reconnaît qu’elle aimerait y passer plus de temps, au calme. La designer fréquente plus souvent le « studio dans le studio », un espace de liberté, mais surtout un grand coin clair utilisé pour le shooting de ses produits ou pour des essais d’accrochage d’exposition. C’est ici, dans ce studio photo maison, que se font les images des créations du studio. « J’aime bien dire plusieurs choses en une seule photo ; faire comprendre l’objet, sa texture, son échelle, son rapport à l’usager. Je travaille beaucoup ces compositions », précise-t-elle. On y voit des gens dans des espaces de vie plutôt vides, donc ouverts.
Comme un artisan 2.0, l’indispensable Bruno Scotti vient régulièrement travailler les images et les vidéos créées, comme un artisan 2.0. Il est notamment intervenu sur la scénographie que Constance a conçue pour le spectacle Les Nuits, du chorégraphe Angelin Preljocaj. Au-dessus de nos têtes, la suspension culte Vertigo trône silencieusement au plafond. Au-dessous se tient le poste des maquettes en papier, une étape indispensable lorsqu’elle conçoit des objets.