Moooi Carpets déroule le tapis rouge

Au salon de Milan en avril dernier, la jeune marque néerlandaise Moooi Carpets a présenté sa deuxième collection de tapis. Fabriqués en Allemagne selon un procédé révolutionnaire, ses modèles sont signés de pointures telles que Marcel Wanders, Neri & Hu ou Studio Job. Focus sur la fabrication de Dreamstatic, un modèle graphique au chic fou, signé du jeune duo libanais David/Nicolas, dont on n’a pas fini d’entendre parler…

Cent mètres de long, quatre mètres de large, plusieurs millions d’euros de développement… Moooi se pose une fois de plus en éditeur de tous les superlatifs avec sa nouvelle imprimante digitale pour tapis. Après deux ans de développement, ce mastodonte est venu rejoindre l’usine Moooi Carpets à la frontière hollando-allemande où, depuis 2014, elle permet d’imprimer des tapis composés de 700 couleurs, là où auparavant seules 12 étaient disponibles. Une machine qui a été étrennée avec le bouquet baroque du tapis Eden Queen de Marcel Wanders.

Marcel Wanders planche sur son tapis Eden Queen.
Marcel Wanders planche sur son tapis Eden Queen. DR

L’intérêt de cette machine pour réaliser le tapis Dreamstatic de David/Nicolas est plus subtil, mais néanmoins essentiel. Le jeune et très talentueux duo libanais, qui jette un pont entre passé et présent dans ses projets couture, a plutôt exploré la précision de la machine. « Avec David/Nicolas, ce n’est pas tant le nombre de couleurs qui a compté que la qualité de l’impression. Notre machine propose une définition neuf fois supérieure à celle de ses concurrentes », détaille Martien Valentijn, à la tête de Moooi Carpets. « Nous sommes très graphiques, très cartésiens. Si Moooi nous a sollicités, ce n’est pas pour dessiner des fleurs, mais pour travailler sur le jeu entre graphisme et couleurs », justifie David Raffoul. Effectivement, Désirée de Jong, codirectrice artistique de Moooi avec Marcel Wanders, confirme que c’est le raffinement du duo qu’elle est allée chercher.

« Dreamstatic », le modèle de David/Nicolas.
« Dreamstatic », le modèle de David/Nicolas. DR

Création-réalisation
Dans leur studio beyrouthin, David et Nicolas ont commencé par dessiner sur le logiciel AutoCAD, puis ils ont colorié sur Illustrator une espèce de rêve figé, dont le tapis tire son nom : Dreamstatic  : « On a commencé par dessiner le centre, d’influence orientale, puis on a superposé tout autour des volumes et des formes géométriques, comme des ovnis stoppés dans leur course. Si les formes sont venues rapidement, nous avons passé beaucoup de temps à travailler les couleurs. D’abord entre nous, puis avec Moooi. Quatre mois et des échanges incessants ont été nécessaires pour parvenir au résultat. » Parmi les influences de cette composition, on peut citer l’Art déco et les pionniers de l’abstraction, comme Kandinsky ou Malevitch. « Pour comprendre le niveau de qualité de la nouvelle machine, Moooi Carpets nous a fait parvenir l’iconique Eden Queen et des échantillons. C’est ce qui nous a permis de saisir immédiatement la façon selon laquelle nous allions nous approprier cette collection et tirer le meilleur parti de cette machine », explique le duo. « De fait, poursuit Désirée de Jong, cette technique permet de produire des pièces audacieuses et ludiques, au pouvoir visuel très fort. C’est la première imprimante qui peut créer une telle profondeur et laisser apparaître les motifs avec un effet quasi 3D. »

Une graphiste vérifie les couleurs avant l’envoi du document à l’usine.
Une graphiste vérifie les couleurs avant l’envoi du document à l’usine. DR
Le tapis en polyamide, encore vierge, avant impression.
Le tapis en polyamide, encore vierge, avant impression. DR
Le tapis passé sous les jets de couleur de l’imprimante.
Le tapis passé sous les jets de couleur de l’imprimante. DR

Séduits par le résultat, David et Nicolas ont décliné une version exclusive qu’ils exposeront prochainement au mur d’un restaurant beyrouthin. Car  l’avantage de cette technique, c’est qu’elle permet d’imprimer en toute petite série et offre du sur-mesure pour des clients aussi variés que les architectes d’intérieur, les particuliers ou l’hôtellerie… Si bien que, outre la gamme « Signatures » qui reprend les dessins de designers, deux autres collections sont proposées au public, invité à participer à la création par le biais du site Internet de la marque. « Works », dont le dessin de base est personnalisable dans ses couleurs et dimensions, et « Your own design », qui permet au client d’envoyer une photo ou un dessin de son choix que l’équipe de Moooi Carpets imprimera à l’identique. Un travail sur mesure disponible pour le moment en polyamide, en attendant un développement prochain en laine et tissu outdoor « pour lesquels nous sommes en train d’étudier de nouveaux process », avance Martien Valentijn.