Comment conserver l’identité des D’Days quand Paris Design Week, en septembre, se présente désormais comme le prolongement de Maison & Objet ?
En déployant les D’Days autour de la valeur économique et culturelle du design. En réunissant cette famille qui va de la formation aux éditeurs. Et en drainant des partenaires avec qui on produit des contenus. Au milieu de tout cela, il y a les pouvoirs publics – la ville de Paris, le ministère de la Culture –, ou des programmes comme les Audi Talents Awards – on met en lumière leurs lauréats –, des partenariats de contenus comme, cette année, avec Panerai… On a créé le programme Péri’Fabrique avec la Fondation Bettencourt Schueller et en coproduction, pour cette édition, avec les Ateliers de Paris, afin de mettre en relation artisans et designers et les doter de cartes blanches et de bourses tout en les considérant comme coauteurs.
Quelle est la place des D’Days aujourd’hui ?
On n’a pas la prétention d’être une association structurante du secteur comme l’APCI (Agence pour la promotion de la création industrielle) ou le VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement) mais on les accueille et on les rassemble. Mon idée, c’était de situer les D’Days entre Design Parade à Hyères et à Toulon et le Festival d’Avignon. Pas à la même échelle, mais en se disant qu’un festival c’est un endroit où l’on montre des choses et où l’on débat. Et si les D’Days ne sont pas un marché, comme Avignon, ils sont néanmoins une fenêtre de promotion. On est là pour favoriser des croisements et des rencontres.
Le design français n’est-il pas encore très lié aux arts décoratifs ?
Si, et c’est normal, c’est notre histoire. Mais nous, nous voulons parler de la diversité du métier et de la manière dont il accompagne les grands enjeux sociétaux ; ça passe par le design de service et par une échelle locale. L’an dernier, on a construit sur le canal de l’Ourcq un système d’agrès pour les gens du quartier qui y font leur sport…
D’où la création d’un think-tank ?
Oui, le forum Think Life, c’est deux jours de débats et de conférences sur des thèmes du quotidien : habiter, travailler, vieillir… Le designer accompagne les changements sociétaux. Il s’agit de le montrer à travers des expos expérimentales et prospectives. Cet événement aura lieu à l’automne, comme un événement propre. Jérôme Delormas, l’ancien directeur de la Gaîté-Lyrique, va nous donner un coup de main pour être innovant dans ce format.
Cette initiative se veut-elle le reflet de l’évolution du design aujourd’hui ?
Oui. On le voit dans l’enseignement, à l’Ensci par exemple, qui, d’une école de création industrielle, devient une école de réflexion sur les usages de demain. Moi-même, à Camondo (dont il est le directeur, NDLR), j’ai modifié la pédagogie en créant un volet de thématiques baptisé « Espaces pour demain » : comment va-t-on dessiner une salle de classe, une chambre d’hôpital, un lobby d’hôtel ? On devient acteur de l’espace, la numérisation a modifié les usages… Le designer a un vrai rôle à jouer dans la réflexion stratégique du développement d’une entreprise.
Pourquoi vous être investi dans Graphic Design Festival (ex-Fête du graphisme), en janvier dernier ?
Un designer graphique ne fait pas que de l’affiche et de la typo. La diversité du métier va jusqu’au packaging, au motion design… C’est ce que l’on a voulu montrer dans cette première édition dont on a assuré une forme de commissariat, au musée des Arts décoratifs, avec des enjeux plus larges que la précédente Fête du graphisme mais avec les mêmes partenaires, comme JCDecaux et la ville de Paris.
Pourquoi s’associer aux Arts décoratifs ?
Les D’Days, en mai, sont centrés sur l’objet et l’espace. Il fallait élargir la manifestation au-delà des showrooms dont la participation s’essoufflait ; ceux qui continuent de participer veulent inscrire leur marque dans une stratégie qui dépasse le simple enjeu de créer du trafic dans leurs boutiques. Kartell, par exemple, sera présent au musée des Arts décoratifs avec une exposition sur l’art maori…
La Biennale Révélations, au Grand Palais, va accueillir une partie des D’Days. Simple opportunité ou valeur symbolique ?
Il y a un sens à associer métiers d’art et design. En France, la relation du design à l’industrie n’est pas la même qu’ailleurs. Elle est liée à l’existence d’un objet dans un espace donné, c’est notre histoire de l’art de vivre. En faisant converger nos dates, nous voulons mixer nos publics. Notre programme Péri’Fabrique artisans-créateurs a lieu au Grand Palais et nos speed dating artisans-prescripteurs aussi. Lier les D’Days à Révélations a une valeur symbolique car c’est s’associer au savoir-faire français. Et c’est une opportunité car nous aurons la place d’exposer nos 18 propositions avec des écoles, Audi, des éditeurs, l’agence RDAI…
Comment voyez-vous l’avenir des D’Days ?
Il y a une carte à jouer par la ville de Paris et un véritable enjeu sociétal. Si, au-delà de nos partenariats, on avait les moyens de produire nous-mêmes des expos itinérantes, ce serait par exemple formidable. Les politiques nationales sont diffuses et parfois complexes à lire. Les expériences de terrain méritent d’être valorisées, notamment du côté des écoles, qui portent un réel dynamisme et une vision de la profession. Car c’est vraiment dans les écoles que ça se passe aujourd’hui.
D’Days 2017
> Au musée des Arts décoratifs, jusqu’au 14 mai.
> Au Grand Palais, avec la Biennale Révélations jusqu’au 8 mai.
> À la Galerie Joseph, du 10 au 14 mai.
> Chez BETC (Pantin), à la grande braderie du design Aides, du 12 au 14 mai.
> Nocturnes dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, le 9 mai ; dans le Marais, le 10 mai ; à Pantin, le 11 mai.
> À la Gaîté-Lyrique, Sound Design Party, le 13 mai au soir.