Dans ce théâtre urbain où le spectacle est dans la salle, Alexandre Giesbert, Julien Ross et Romain Glize sont sur le pont. Les deux premiers s’illustrent déjà dans un beau triplé de restaurants (Roco, Roca, Daroco) et mettent en orbite Perruche, terrasse démoniaque au Printemps de l’Homme. On est tout de suite sous le charme de ce vaste open space contemporain (130 couverts, plus 70 en terrasse), flanqué de marbre élégant – du sol en opus incertum, le matériau star du moment, jusqu’au bar et aux tables, pour certaines nappées –, d’une voûte d’éclairages discrets, de cascades de plantes, et de Toufik, directeur de salle à la précision remarquable.
La table n° 20 est en pole position sous les frondaisons de trois arbres graciles, tout comme la n° 30, non loin des cuisines ouvertes. Bientôt, le banc d’écailler battra la pleine saison des huîtres et coquillages. Olivier Delannoy et Francesca Errico, de l’agence Reinh, renouvellent l’exploit décoratif du Daroco mais ici dans un climat plus bourgeois, à grand renfort de chaises Gubi en velours bleu nuit et bordeaux. Côté cocktails, la bonne mise en jambes serait d’opter pour un negroni d’excellent calibre ou un sazerac, deux bitters twistés par Nico de Soto, bartender très suivi (déjà à la manœuvre du Danico/Daroco) en phase avec une cervelle des canuts (la fameuse spécialité fromagère lyonnaise) aux petits oignons.
À la carte, Alexandre Giesbert source des produits d’une rigueur exemplaire et surfe sur le très bon : œufs mimosa généreux, sucrine plantureuse, aïoli de merlu de ligne, simple poulet rôti et sa purée de pommes de terre, fromages de chez Taka & Vermo. En pâtisserie, la jeune Fleur Guinaudeau fait des merveilles, notamment le vacherin. Pour une fois, l’offre végétarienne fait mouche sans être réduite à la portion congrue, et un semainier comble les appétits quotidiens. Dès le petit déjeuner, on aurait même tendance à prendre racine. Sept jours sur sept.
> Zebra. 3, place Clément-Ader, 75016 Paris. Tél. : 01 44 14 91 91. Zebra.paris