Villes nouvelles et port international
Ainsi, depuis 2014 et le lancement de « Tanger métropole », qui a boosté le développement urbain, la ville a considérablement apprivoisé sa côte maritime. Près de 6 milliards d’euros ont été injectés dans ce programme achevé en 2017, lequel comprend une phase reliant Tanger à Tétouan. Sur cet axe est et surtout sud, des villes nouvelles et extensibles émergent, comme Chrafate, une cité de services proche des industries (Tanger est la deuxième cité industrielle du Maroc) – notamment de Renault-Nissan – et accueillie dans le périmètre du port Tanger Med. Ces pôles urbains destinés à désengorger le centre-ville offrent un cadre de vie agréable et toutes les commodités.
L’ancien directeur culturel de l’institut français de Tripoli, Philippe Guiguet Bologne, figure de la médina depuis vingt six ans et auteur d’un guide remarqué sur Tanger, a assisté à ces changements : « Après un chantier vraiment phénoménal, nous avons tout à coup vu apparaître une ville assainie et structurée. Cette refonte urbaine est une vision à long terme, qui s’accompagne de l’éradication de terribles bidonvilles. Ceux-ci sont remplacés par des cités populaires confortables, reliées au centre de Tanger et dotées de bonnes infrastructures administratives, éducatives, ferroviaires, routières et, bien sûr, hospitalières. »
À 15 km, proche de l’aéroport, Ibn Battouta est ainsi l’une de ces villes nouvelles qui, outre ses lotissements neufs, accueille un stade édifié par le studio tangérois JK Architecture et un CHU universitaire dont la conception est notamment l’oeuvre de l’agence française AS Architecture-Studio. « Ce méga projet, lancé il y a six ans, fait suite à la nouvelle carte sanitaire décidée par le gouvernement marocain. Relié à la conurbation de Tanger et proche de la zone de développement du bord de mer, il va bénéficier à la région, jusque-là délaissée, précise Jean-François Bonne, l’un des associés de l’agence. Nous livrerons le chantier fin 2020. Ce pôle d’excellence impressionnant est conçu comme une ville. Nous avons joué sur les particularités locales en travaillant une forme de microclimat à l’entrée du parvis monumental pour contrer la chaleur, en filtrant la lumière de ce bâtiment de 95 000 m2. »
Les yeux se tournent maintenant vers la cité industrielle du futur, pour le moment en suspens : à 10 km du centre de Tanger, la smart city baptisée « Cité Mohammed VI Tanger Tech », financée en grande partie par des capitaux chinois, occupera 2 000 hectares. Mondialisation oblige, dès 2003, la vision royale faisait de Tanger le premier port d’Afrique. Mission remplie grâce à Tanger Med I, qui va bientôt se voir augmenté de deux terminaux supplémentaires avec Tanger Med II, au sein duquel 900 entreprises sont par ailleurs attendues (cette année étant une phase de test). Le site est d’une ampleur hallucinante, impossible à décrire !
Principal moteur du changement urbain, ce hub logistique d’envergure internationale, également zone franche, s’étend en effet sur 1 000 hectares ainsi que sur la mer. Classé au 45e rang des plus grands ports mondiaux, il emploie 6 000 personnes. Sa capacité est de 7 millions de passagers et de 9 millions de conteneurs. Jean Nouvel en a dessiné le schéma directeur et a conçu l’immaculé Tanger Med Port Center, un centre d’affaires, perforant les façades du bâtiment de 450 mètres de long sur 50 mètres de large d’une dentelle de moucharabiehs. À noter que l’architecte française Odile Decq a remporté le concours pour l’édification du terminal passagers, sans suite à ce jour. Autre structure attendue dans la zone portuaire : un hôtel d’affaires Onomo, actuellement en chantier. Finalement, Tanger connaît sa seconde expansion après celle accomplie au début du XXe siècle et voit maintenant grand, très grand. Bien au-delà de son admirable cap Spartel, orné du célèbre phare tourné vers l’Europe.
SHOPPING
Librairie des Colonnes : Mythique, elle consacre un rayon entier à des ouvrages sur la ville. > 54, boulevard Pasteur.