Ses amis le surnomment « Toshie » et il a tous les talents. Aussi célèbre que Frank Lloyd Wright ou Le Corbusier, l’architecte écossais Charles Rennie Mackintosh (1868-1928) est aussi un artiste accompli. Toiles lumineuses exécutées dans le sud de la France ou aquarelles de décors : il a un sacré coup de pinceau et une nette obsession pour la nature. Entre ses mains, textile, verre, céramique, plâtre, bois ou métal se transforment en objets d’art. Sa trajectoire croise le mouvement Art nouveau, né à la fin du XIXe siècle, qui contamine Paris et Vienne puis le reste du monde. Mackintosh le détourne en un minimalisme plein de fraîcheur qui renvoie l’architecture victorienne à ses crinolines. Cette vision est d’abord saluée à Munich, où l’éditeur Hugo Bruckmann lui passe commande pour la décoration de sa salle à manger de Nymphenburger Strasse 86, puis en Italie.
Associé à son épouse, Margaret MacDonald, et à leurs amis James Herbert McNair et Frances MacDonald, sœur de Margaret et future épouse de ce dernier, il est choisi pour représenter l’Écosse à la Première Exposition internationale d’art décoratif moderne de Turin, en 1902, avec la réalisation (décoration et meubles) d’un salon, le Rose Boudoir. L’Europe le reconnaît alors davantage comme designer que comme architecte. De fait, le mobilier est un de ses dadas… Pour cette manifestation, Mackintosh a notamment créé des chaises blanches à dossier haut qui reflètent son goût pour l’esprit médiéval.
Décorées de roses au pochoir par Margaret, elles figureront dans quelques intérieurs privés. Cet été, l’exposition « Mackintosh 150 » au Kelvingrove Art Gallery and Museum a offert l’approche la plus complète sur l’architecte écossais. En plus des photos d’époque où nous fixe le doux regard d’un jeune homme à la fascinante moustache ont été dévoilées ses inspirations et influences, l’apport de Margaret dans le travail commun, les plans de maisons telles que la Hill House, construite entre 1902 et 1904 pour l’éditeur Walter Blackie à Helensburgh, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Glasgow (si fragile aujourd’hui qu’elle doit être mise sous verre), des esquisses de décors et de motifs, des céramiques, des meubles…