Procida la discrète
La chose vaut pour Procida, la petite île voisine que l’on rejoint en trente minutes de ferry. Si Ischia s’étale sur 47 km2, celle-ci est dix fois moins grande. Elle semble très différente, tout en étant la même : un lieu de perdition. Au Moyen Âge, las de subir les attaques répétées des Barbares, le marquis Alfonso d’Avalos, qui avait reçu Procida de l’empereur Charles Quint, fit édifier une muraille au point le plus haut, à grand renfort de murs aussi épais que ceux des forteresses. Ce village fortifié de Terra Murata, qui fait la particularité de l’île, est un dédale de cours, de ruelles colorées enchevêtrées, de « traboules » dont seuls les habitants connaissent l’exacte topographie et où il est facile de semer un assaillant… ou un touriste !
« Nous avons respiré cet air d’un autre monde », écrit Alphonse de Lamartine, qui tomba immédiatement amoureux de Procida lors de son premier voyage en Italie, en 1811, et de l’une de ses jeunes habitantes. Alors qu’Ischia possède quelques hôtels de luxe, Procida préfère la discrétion et les adresses modestes. Vous profiterez de la sauvagerie des sentiers étroits, des petits restaurants de plage tout simples, des maisons festonnées de treille et de cet air saturé du parfum des citrons, avant de repartir d’un coup de ferry vers les piscines fumantes d’Ischia. On prétend ici que c’est sur ces îles qu’Ulysse aurait rencontré Nausicaa. Comment ne pas y croire ?