Effet collatéral de la pandémie, le tourisme de masse a fortement ralenti lors des deux années écoulées. Pour protéger durablement sa beauté retrouvée, l’Italie appelle aujourd’hui de ses vœux un tourisme culturel à Venise. Un positionnement que ces trois expositions ne peuvent que brillamment renforcer.
La grand-messe, le retour
Le thème de la 59e édition de la Biennale internationale d’art contemporain de Venise, « Le lait des rêves », a été emprunté par la commissaire Cecilia Alemani (photo) à un livre de l’artiste Leonora Carrington dont l’œuvre inspire les trois axes majeurs de la manifestation. Scénographiée à l’Arsenal par Formafantasma, celle-ci s’articule autour de « la représentation des corps et leurs métamorphoses, de la relation entre les individus et les technologies et de la connexion entre les corps et la terre ».
Ce sont 213 artistes en provenance de 58 pays qui exposeront dont 180 d’entre eux qui n’étaient encore jamais venus. Mieux : cette première édition post-pandémie envoie un signal fort de la volonté du monde de l’art de devenir plus inclusif, avec une remarquable participation de femmes et d’artistes non genré.e.s.
> « 59e Biennale internationale d’art contemporain ». Au Pavillon central des Giardini et à l’Arsenal, du 23 avril au 27 novembre.
Video game
Une rencontre de rêve : le vaisseau de béton minimaliste conçu par Tadao Ando (pour accueillir la collection Pinault, à la Punta della Dogana) et les œuvres de l’une des figures majeures de la scène artistique conceptuelle contemporaine : Bruce Nauman (1941-).
Pionnier de l’art vidéo bien avant que le terme de metaverse (univers virtuel) ne soit formulé, l’artiste américain, pour qui « l’art commence avec la faculté de communiquer, non pas une somme d’informations, mais une expérience », s’était filmé déambulant dans un étroit couloir de son atelier (en 1968). Une série de vidéos et de performances à laquelle fait écho « Contrapposto Studies, I through VII », sorte de contrechamp tant visuel que temporel réalisé en 2015 et 2016, et que les commissaires Carlos Basualdo et Caroline Bourgeois ont choisi de faire dialoguer ici, à la Punta della Dogana, Venise.
> « Bruce Nauman : Contrapposto Studies ». À la Punta della Dogana, jusqu’au 27 novembre. Palazzograssi.it
Artisan-art
Organisé par la Michelangelo Foundation for Creativity and Craftsmanship, l’événement « Homo Faber – Crafting a more human future » poursuit la mise en lumière de la richesse créative de l’artisanat contemporain amorcée en 2018. À la Fondation Giorgio Cini ainsi que dans quelques ateliers confidentiels de Venise, cette deuxième édition entend sensibiliser une nouvelle génération à la modernité artistique de « l’intelligence de la main ».
Avec 15 expositions confiées à 22 commissaires, dont Michele De Lucchi, Naoto Fukasawa, Sebastian Herkner, Giorgia Zanellato et Daniele Bortotto ou Jean Blanchaert et Stefano Boeri… et plus de 400 pièces en provenance de 30 pays, « Homo Faber » souligne combien le « faire », artisanal par nature, et le « faire ensemble », humain par culture, sont essentiels aujourd’hui. De quoi nourrir vos envies de tourisme culturel à Venise.
> « Homo Faber – Crafting a more human future ». À la Fondation Giorgio Cini, sur l’île de San Giorgio Maggiore, du 10 avril au 1er mai.
