Le design modulaire intéresse de nombreux designers et architectes d’intérieur. Il est prétexte à imaginer des pièces durables, multi-fonctionnelles et malléables dans l’espace et invite à repousser les limites créatives, par les formes et par les matériaux utilisés.
La céramique modulaire de Rino Claessens
L’expérimentation de la matière est le fil conducteur de son travail et c’est sur la céramique que son regard s’est porté pour le dérouler. Rino Claessens est fasciné par ce matériau dont les qualités tactiles lui permettent de créer à l’infini. De son histoire millénaire, il tire un langage propre et moderne qu’il pousse au-delà de ses limites créatives.
Avec sa dernière collection Modular Elements, présentée en octobre à la galerie parisienne Scène Ouverte, le Hollandais approche la céramique sous un nouvel angle : celui du design modulaire. Imaginant différentes silhouettes minimalistes, moulées et cuites séparément, le jeune créateur développe un système de création libre, qui n’est plus contraint dans ses dimensions par la cuisson au four. En table basse, en chaise ou en étagère, ces multiples composites en grès brossé s’imbriquent et se démontent selon les envies, les espaces et les fonctionnalités désirées.
Une collection ludique signée Holloway Li & Uma
C’est avec une esthétique cinématographique que le duo Holloway Li aborde chacun de ses projets d’intérieur, depuis sa fondation en 2018. Leur collection T4 ne déroge pas à la règle. Le studio londonien nous plonge, cette fois, dans un décor des années 1990, dans une époque teintée d’optimisme coloré où les lampes-lave et les chaises gonflables inondaient l’iconographie télévisuelle. Pour rendre hommage à cette période, les deux designers se concentrent sur la forme du canapé et imaginent une silhouette aux contours incurvés qui rappelle les composites moulés et utilisés dans l’industrie automobile.
Accompagné par la marque de mobilier Uma, le studio repousse les frontières de la fabrication et conçoit le mobilier comme un objet à vivre, qui évolue par son caractère modulable. De nombreuses combinaisons sont alors possibles, d’une simple assise au canapé d’angle à grands échelle. Nostalgique de cette période d’insouciance par sa forme et ses vives couleurs, la collection est néanmoins pensée pour s’adapter à la société d’aujourd’hui. Chaque pièce est ainsi réalisée à partir de fibre de verre durable, tapissée d’une sélection de tissus locaux et sera jointe de nouveaux accessoires en 2023. Le design modulaire est décidément dans l’air du temps.
L’étagère architecturale de Piscina
Pour Natalie Shook, le design transforme les objets du quotidien en pièces maîtresses de nos intérieurs. Dans cette quête créative, elle fonde en 2022 son studio Piscina à Brooklyn et se penche sur une collection inaugurale, inspirée par l’histoire de l’art et de l’architecture. En résulte une série de pièces sculpturales qui mêlent le minimalisme du design japonais à l’élégance du classicisme français. Mais c’est sa vision innovante du mobilier personnalisable qui intrigue. Sa pièce manifeste ? L’étagère Ledoux, une interprétation libre des colonnes de la saline royale d’Arc-et-Senans, conçue par l’architecte néoclassique français Claude Nicolas Ledoux.
Véritable colonne vertébrale en bois massif, la structure rainurée permet de configurer l’objet sans effort. Accompagnée d’une dizaine d’étagères aux différentes silhouettes sculpturales, cette création dévoile des variations infinies, selon la volonté de l’utilisateur. Une étagère presque totémique que le studio Piscine souhaite faire évoluer en concevant des formes sur mesure pour répondre à des projets uniques.
Les luminaires totems d’Adélie Ducasse
A travers sa pratique du design modulaire, Adélie Ducasse fait ressortir notre âme d’enfant. Son univers est joyeusement coloré par les couleurs primaires et éveille notre esprit manuel avec ces objets géométriques personnalisables à l’infini. Sa dernière collection poursuit l’intention de la créatrice. Comme un jeu de construction, ces luminaires s’assemblent au gré des envies grâce aux multiples modules en céramique émaillé que cette dernière a imaginé.
Si les nombreuses silhouettes et couleurs offrent une liberté absolue de création, l’artiste ne garde pas moins une rigueur dans le processus de fabrication fondée par les formes géométriques. Un esprit mathématique qu’Adélie entretient depuis ses études universitaires. Moulés manuellement dans une usine familiale puis assemblés à la main par le client, ces lampadaires s’entourent d’une aura totémique.
