1/ Ambiente, la giga-fair
Vaste de 300 000 m2, le parc des expositions « Messe Frankfurt » est une ville dans la ville, parmi les plus grands lieux de foire au monde. 2 600 personnes y travaillent, réparties sur une trentaine de sites. De Friedrich von Thiersh en 1909 à Nicolas Grimshaw, une dizaine d’architectes en ont fait un étonnant carrousel. Car historiquement, Francfort est une ville de foires et de commerce. Ce qui n’empêche pas Detlef Braun, directeur général de Messe Frankfurt, d’évoquer l’impact sur les échanges de l’épidémie de Coronavirus. Certainement un manque à gagner pour les compagnies chinoises, notamment celles dont les marchandises sont restées bloquées en douane… Dans les allées, certains visiteurs, majoritairement asiatiques, portaient des masques…
2/ Le Brésil à l’honneur
Cette année, le design brésilien était l’invité d’honneur, avec une somptueuse parade de carnaval le jour de l’inauguration. Un large espace était dévolu à la création brésilienne contemporaine, incarnée par Sérgio J. Matos, Studio Rain, Rodrigo Almeida, Bianca Barbato et Brunno Jahara. Ambiente les présentait non pas en nouveaux venus mais en têtes de file de la création brésilienne contemporaine. Jahara présentait notamment son orfèvrerie Loops, vide-poches, lampes ou coupe à fruit, réalisés avec les artisans de Saint James. Lesquels travaillent l’argent en lui gardant une touche artisanale, pas forcément étincelante.
3/ L’objet roi
Sur Ambiente, l’objet est roi, du mobilier à la petite cuillère. Tout est réparti dans des halls étiquetés « Dining », « Living » et « Giving ». Dans cette profusion, l’intérêt est stimulé par des éditeurs qui travaillent avec l’éthique chevillée au corps, et pas en multipliant des gadgets. Sur le stand du groupe danois Rosendahl, on tombe aussi bien sur le réveil City Hall dessiné par Arne Jacobsen que sur de la fine porcelaine de Lingby. Et parfois les objets les plus simples ne le sont tant que pas. Comme ces verres de Bomshbee, compagnie fondée à Hong-Kong par les frères Lau, qui se singularisent par leur bord renflé.
4/ Des objets qui changent la vie
Depuis neuf ans, le designer anglais Sebastian Bergne parcourt Ambiente et sélectionne des produits de la vie quotidienne, ménage compris, qu’il expose dans une scénographie de sa création. Le dispositif est d’une efficacité redoutable. Il faut voir le ballet des visiteurs, étudiant l’objet posé devant eux avec, sur l’étagère en-dessous, une vidéo spécialement réalisée pour l’occasion afin de montrer son fonctionnement. On y découvre des objets de la vie moderne, du centrifugeur du Barcelonais Lékué à la gourde Air Up qui aromatise l’eau avec de l’air en passant par la belle (mais oui !) raclette de douche de Joseph Joseph.
5/ Les jeunes designers à l’honneur
Avec 37 étudiants venus du monde entier, Nicolette Naumann, commissaire d’Ambiente depuis vingt ans, met en lumière les plus brillants des futurs designers, notamment ceux qui font leur cursus dans des écoles allemandes. Impossible de rater Babette Wiezorek (Addictive Addicted), venue de Berlin, présenter ses vases qui donnent la vision la plus artistique qui soit de la création en 3D. Ajouter à cette liste Andreas Bachmann (Kenkostores) et ses accessoires en bois raffinés : corde à sauter, accessoire pour faire des pompes sans mettre les mains à terre… Comme ses deux consoeurs, le jeune designer a travaillé comme un grand.
6/ Ambiente, la galaxie pleine de repères
Le bureau de style Bora-Herke-Palmisano a fait en sorte que l’on puisse mémoriser trois tendances du design en 2020. Sur son espace « Trend », on découvre celle du « structuré adouci », de la « concision architecturale » et de « l’artistique éclectique ». « Là encore », explique Nicolette Naumann, vice-présidente du salon, « il s’agit d’éclairer le visiteur acheteur sur ce qu’il y a de disponible ici en 2020, donc sur ce qu’il y aura dans les vitrines jusqu’en 2022. » Au milieu de cette profusion, les produits green et éthiques abondent, même si pour Nicolette Naumann, la question est de savoir ce qui est effectivement durable et de quelle façon… D’où le guide Ethical Style, émanant d’un jury d’experts.
7/ Tout sur la table, à la section Dining
Tout ce qu’on peut mettre sur la table, à la maison où à l’hôtel, est à Ambiente, section Dining avec ses 2 000 exposants occupant une multitude de halls. Tout est joli, mais aussi ingénieux et pratique, comme le presse-citron et la gourde de l’éditeur danois Eva Solo. De l’électroménager aux arts de la table, tous les grands noms sont au rendez-vous. Même l’orfèvre Christofle est de retour cette année. Le Finlandais Iittala présentait, lui, sa verrerie en version fumée couleur lin ; le designer Matti Klenell a mis au point d’intéressantes jardinières et Philippe Malouin d’élégants vide-poches. Chez le porcelainier allemand Rosenthal, le designer Sacha Walckhoff présentait un nouveau service à l’esthétique inspirée de l’univers du jardin à côté de la collaboration très 60-70’s avec la griffe Pucci.
8/ Des designeurs passeurs…
Les journalistes présents à Ambiente ont eu la chance de participer à un « Design Tour » de la foire en compagnie de la designer hollandaise Ineke Hans et de l’Allemand Mark Braun, venu de Berlin. En expliquant ce qui les avait intéressés sur la foire, ils démarraient une conversation entre créateurs et critiques. Excellent outil pour naviguer dans cet immense salon avec son centre de presse conçu par Matteo Thun, digne du lounge d’une compagnie aérienne. Ambiente est vraiment un salon où l’on réfléchit avant de passer à l’action.… Salutaire au vu de sa superficie !