Nous avons tendance à sous-estimer les algues… Associées à un imaginaire collectif plutôt négatif (gluantes, dégageant une odeur forte…), elles n’inspirent pas vraiment. Pourtant, elles jouent un rôle essentiel dans la sauvegarde de la planète et de la vie humaine. En effet, elles sont dix fois plus efficaces que les plantes terrestres pour réduire les niveaux de CO2 dans l’air ambiant. Naturellement abondantes dans nos mers et océans, elles bénéficient donc d’un intérêt grandissant de la part des designers et fabricants.
Utilisées comme matières premières, elles pourraient contribuer à freiner le changement climatique et à purifier notre environnement. Le studio coréen Ulrim propose même un élevage maison pour les introduire dans notre vie quotidienne, avec un système de culture et de récolte de micro-algues d’intérieur. IDEAT a recensé trois domaines dans lesquels les algues changent la donne…
1/ Objets : une alternative verte au plastique
Les designers néerlandais Eric Klarenbeek et Maartje Dros mettent au point dans leur laboratoire des bio-plastiques fabriqués à base d’algues, qui pourraient bientôt remplacer complètement leurs équivalents synthétiques. Un moyen pour enfin se passer du pétrole dans la production d’objets du quotidien… Ils cultivent donc diverses plantes aquatiques, qu’ils sèchent et transforment ensuite pour imprimer des objets en 3D. Selon eux, les polymères d’algues pourraient être utilisés pour tout type d’objets, des bouteilles de shampoing à la vaisselle, en passant par les poubelles.
« Les algues se développent en absorbant le carbone et en produisant un amidon qui peut être utilisé comme matière première pour les bioplastiques ou les liants. Le déchet est de l’oxygène, de l’air pur… » (Eric Klarenbeek et Maartje Dros)
Au Chili, Margarita Talep a également créé une alternative aux emballages à usage unique en utilisant une matière première extraite d’algues conçue pour se biodégrader en deux à trois mois environ, en fonction de l’épaisseur du packaging et de la température du sol. Les plantes sont bouillies avec de l’eau, utilisée comme liant pour obtenir l’aspect plastifié, et teintes avec des pigments naturels.
2/ En ville : des algues pour purifier l’air
Alors qu’architectes et urbanistes cherchent à limiter la pollution qui étouffe nos villes, le potentiel des organismes biologiques pour assainir les espaces urbains apparaît comme la solution la plus efficace. Se nourrissant de la lumière du jour, capturant les molécules de dioxyde de carbone et libérant de l’oxygène dans l’air ambiant, les algues sont aujourd’hui présentes dans un certain nombre de projets.
Le rideau d’algues du bureau londonien EcoLogicStudio exploite la photosynthèse pour compenser l’impact environnemental de bâtiments déjà construits. Le studio français XTU Architects propose, lui, d’inclure directement des « bio-façades » sur les constructions, comme dans son concept pour quatre tours à Hangzhou, en Chine, couvertes de panneaux imprégnés de micro-algues, fournissant une isolation naturelle, et purifiant l’air ambiant.
Alimentation : Du vert dans nos assiettes
Le contenu nutritionnel riche des algues leur vaut d’être utilisées par la NASA comme compléments alimentaires lors de missions spatiales de longue durée. Sur Terre, chefs et restaurateurs font maintenant valoir ces qualités uniques dans des menus conçus entièrement à base de verdure marine. A Caesaria, en Israel, c’est le cas du restaurant Helena, où le chef Amos Sion célèbre les herbes et plantes de la Méditerranée locale, qu’il cueille lui-même au lever du jour. Ses plats, incluant laitue croquante des mers et fleurs sauvages des rochers, sont d’une fraîcheur on ne peut plus marine.
Au Danemark, le studio Space10, tête chercheuse d’IKEA, cherche également à changer les mentalités, en nous incitant à essayer de nouveaux ingrédients. Les designers ont développé un hot-dog dont le pain est cuisiné à base de spiruline – la micro-algue qui contient plus de bêta-carotène que les carottes et cinquante fois plus de fer que les épinards – pour une fast-food saine et colorée. D’ailleurs, l’ONU a lui-même qualifié la spiruline de « nourriture idéale pour l’humanité »…