La profusion de coffee shops dans les grandes villes de France et d’Europe, à grands coups d’esthétiques léchées et de golden latte, n’a pas empêché les particuliers d’aménager leur propre espace façon café. Nom du lieu trouvé pour l’occasion, menu placardé au mur, pâtisseries et cookies présentés en quinconce sur des plateaux en bois, boissons aux goûts inédits et même des mugs à emporter… Beaucoup jouent le jeu jusqu’à donner l’impression d’être transportés dans le nouveau salon de thé branché.
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What else ?
Pour les uns, l’objectif est de passer un moment convivial entre amis sans craindre d’être à l’étroit ou de faire trop de bruit ; pour les autres, c’est une manière de ritualiser leur café du matin dans un cadre décoré avec soin. Pour Caroline Champion, chercheuse en philosophie esthétique, spécialisée sur les questions de goût et de saveurs, cet engouement s’inscrit dans un changement global, opéré par Nespresso il y a plus de dix ans.
« Le goût standardisé du café de supermarché s’était imposé comme la norme depuis 50 ans. Cette marque a joué un rôle en réintroduisant des notions de diversité du goût (à travers ses fameux codes couleurs) tout en imposant l’espresso comme la « meilleure » façon de consommer du café. » Les créateurs de contenus profitent de cette tendance pour collaborer avec des marques, en recommandant à leurs abonnés du matériel professionnel ainsi que des conseils pour rendre leur cuisine plus fonctionnelle mais aussi plus belle.
Superlumos, personnalité en vogue sur les réseaux sociaux connu pour ses vidéos où il prépare des cafés face caméra en offrant des bulles réconfortantes à ses abonnés, s’est d’abord créé un coin « pratique et joli pour lui, chaleureux et accueillant pour ses proches« , avant de pousser le réalisme de son coffee shop jusqu’à acheter des accessoires de pointe allant de pair avec sa machine de barista : un spray pour lustrer les grains de café, un stabilisateur pour le tasser, des aiguilles pour mieux le disperser, une balance pour peser la mixture au gramme près…
L’influenceuse Nolwenn (@nolwenn_creme) a elle aussi transformé façon DIY un coin de sa cuisine en troquet. Dans une vidéo (voir ci-dessus), elle explique comment elle a découpé des baguettes de bois pour les placer au mur à la manière des salons de thé afin d’y noter les noms des breuvages et leur prix, et n’oublie pas de référencer sa machine à café – offerte par une marque l’an dernier, est-ce précisé.
Car si Nespresso a (ré)introduit le petit noir chez les Français, Starbucks et autres petits coffee shop de Seoul à New York ont propagé des envies de nouveautés, allant du flat white au chai latte en passant par le matcha glacé. Autant de préparations plus compliquées à réaliser à la maison et nécessitant une plus grande dextérité – et des ustensiles adaptés.
Un café nommé désir
Plus qu’une tendance, le café de spécialité fait de plus en plus d’adaptes et s’est démocratisée ces cinq dernières années, comme le confirme Caroline Champion, « Aujourd’hui, cette nouvelle vague renoue avec le lien historique de la France avec le café. Il n’y a pas si longtemps, tout le monde allait chez son torréfacteur pour acheter du café en grain – nos grands-mères avaient toutes un moulin à café ! Le café filtre était la norme. Il est de retour avec les « méthodes douces » des coffee shops. En parallèle, certains sont prêts à investir dans une machine à grain, un moulin, etc, pour avoir du « vrai café » à la maison. »
Comme en témoignent les recherches autour de la torréfaction et des boutiques dédiées : « en France en 2024, selon Collectif Café, la part de marché du café en grains, en nette augmentation depuis 10 ans, a atteint 25,9% et plus de 800 000 machines avec broyeurs sont vendues par an. Quant à la torréfaction indépendante, locale et artisanale, elle représentait 5% des ventes, soit une augmentation de 15% par an depuis 2020. »
Toujours selon la fédération, un nouveau coffee shop ouvre chaque semaine en France, illustrant la capacité d’une génération de jeunes entrepreneurs à transformer un engouement en véritable activité professionnelle. Entre un cocon dédié à la préparation de boissons caféinées et un véritable café ayant pignon sur rue, il n’y a qu’un pas. Superlumos, qui séduit ses followers grâce à ses recettes variées, s’est d’ailleurs vu proposer d’en élaborer une spécialement pour Adidas le temps d’un pop up pour les fêtes (voir vidéo ci-dessus).

Les fondatrices des cafés parisiens Noa, Del Carmen ou encore NaadCoffee, qui ont elles franchi le pas de l’entreprenariat, partagent quotidiennement leurs aventures, prodiguant des conseils à celles et ceux qui voudraient se lancer. Toutes à leur manière rappellent que tenir un café est un métier passion, mais un métier avant tout.
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