Jours 5 & 6 : Casablanca
La spécificité des vins chiliens vient de l’extraordinaire alliance du soleil, des Andes qui apportent alluvions et eau, et de l’océan Pacifique dont la brume modère les ardeurs du soleil au plus fort de l’été. Cela explique pourquoi de nombreux domaines ont essaimé des chaudes vallées centrales vers la côte, à la recherche d’un climat plus apte à révéler les subtilités organoleptiques des cépages. En témoignent les vallées de San Antonio et de Casablanca, fiefs de nombreux chais créés ces dix dernières années. La vallée de Casablanca en compte une trentaine. Le plus impressionnant, Indómita, est un vaste palais blanc perché en haut d’une colline. L’Emiliana produit parmi les meilleurs vins bio du pays. Très commercial, Casas del Bosque permet de déjeuner au milieu des vignes, dans son restaurant au design soigné El Mirador. Près de San Antonio, le domaine Matetic allie tradition, avec son hacienda de 1890 transformée en hôtel, et modernité, avec son chai enfoui dans la colline où le vin circule grâce à la seule gravité. Dehors, les 150 ha de vignes ont été confiés aux Californiens Ann Kraemer et Alan York, chantres de l’agriculture biodynamique, une approche que n’aurait pas désavouée le poète Pablo Neruda. Sa tombe fait face au Pacifique et sa maison Isla Negra, tout près, regorge d’objets, de peintures, de livres, de figures de proue et de coquillages. « J’aime sur une table, quand on parle, La lueur d’une bouteille de vin intelligent », a-t-il écrit dans Ode au vin.
Antoine Lorgnier