Pourquoi avoir choisi de monter une vente autour du studio Makkink & Bey ?
D’abord, ce sont des designers que je connais depuis très longtemps. Dans leurs fonctions de professeurs, créateurs et visionnaires, je les considère comme les plus importants de leur génération. Au fil des ans, ils sont aussi devenus des amis… En parlant avec eux, je leur ai dit qu’il était temps qu’ils préparent une exposition retraçant ce qu’ils avaient dessiné. Heureusement, ils avaient gardé la plupart de leurs prototypes et pièces uniques. C’est de là qu’est venue l’idée d’en faire une grande vente.
Cette vente est aussi l’occasion d’exposer des pièces rares…
Exactement. C’est une sorte de rétrospective. Chez le Studio Makkink & Bey, la frontière entre le design et l’art est très mince et c’est avant tout la réflexion qui prime. Mais il y a toujours deux aspects fondamentaux dans leur travail : l’utilité et le confort.
S’’agit-il vraiment de pièces d’usage ?
Oui. Tout ce que vous voyez dans cette vente, vous pouvez l’utiliser, vivre avec. Ce ne sont pas des sièges, des luminaires ou des commodes à mettre sous cloche.
L’image arty du Studio Makkink & Bey ne jette-t-elle pas un voile sur leur mobilier ?
Ce sont avant tout de vrais meubles, pensés comme tels dès le départ. C’est l’image que l’on va essayer de transmettre lors de cette exposition. Après, les gens ont le choix entre adhérer à l’esthétique ou au confort. J’ai quasiment tout essayé parce que j’adore leur œuvre ! Certaines pièces vont accepter la contradiction des styles et des genres. D’autres sont plus difficiles à marier. Il faut de grands intérieurs vu les dimensions de ce mobilier – le banc Garde – ningbench + Container fait quand même par exemple trois mètres de long !
Quelles sont les pièces les plus prometteuses de la vente ?
Certaines sont iconiques, comme le fameux Tree-Trunk Bench. C’est une pièce unique que Makkink & Bey ont repensée exclusivement pour la vente. Quand vous l’achetiez chez Droog Design, vous repartiez simplement avec les trois dossiers en bronze sans le tronc d’arbre. J’ai insisté pour qu’on ait la pièce finie, car les acheteurs n’ont pas envie de se compliquer la vie. Ils ont accepté l’idée. Néanmoins, cette œuvre diffère des précédentes. Le tronc est découpé, les assises sont reliées entre elles et ils ont ajouté de la fourrure.
Comment les avez-vous persuadés de modifier leur icône ?
Nous nous connaissons depuis longtemps. Pendant dix ans, j’ai été l’associé de Pierre Bergé. Avec lui et Antoine Godeau, nous avons créé Pierre Bergé & Associés à Paris, Genève et Bruxelles. J’ai rencontré le duo Makkink & Bey quand on a décidé d’ouvrir une galerie à Bruxelles. La première exposition que j’ai conçue avec eux était une commande de ma part, « Witness Flat ». C’était une sorte d’appartement-témoin avec salon, chambre, salle à manger… Nous avions conçu tout un projet sur la pixellisation des meubles. De là est née une deuxième exposition, présentée à Londres, sur la réinterprétation du mobilier brésilien. Il y avait à la fois la pièce originale brésilienne qui avait servi d’inspiration et celle réalisée par Makkink & Bey. Il leur en restait trois qu’ils avaient gardées. Elles font partie de la vente.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Ce sont avant tout des gens très sympathiques, amoureux de ce qu’ils font. Avec une humilité et une simplicité dans leur discours et dans leurs créations… Des personnes fantastiques. C’est fondamental. Une vente, c’est une collaboration, un dialogue. Chacun doit avoir confiance en l’autre. S’agissant des dernières estimations, j’ai appelé Rianne. Je concluais en lui disant « Je vois ça ». Elle m’a répondu : « Frédéric, tu vois ce que tu veux. »
Exposition mardi 17, mercredi 18 octobre de 10 à 19 heures ; jeudi 19 octobre, de 10 à 12 heures
Vente jeudi 19 octobre à 18h30.