Stéphanie Lizée et Raphael Hugot ont récemment fondé leur studio et forment un duo qui, comme le yin et le yang, fait de leurs différences une force créatrice puissante au service de projets toujours variés.
Il endosse volontiers la contrainte pour offrir à sa partenaire la liberté de créer. Elle furète du côté des artisans, parmi les matériaux, chine mobilier et pièces d’art tandis que lui dessine les plans, gère l’opérationnel et l’aspect technique. Il apprécie le contact avec la clientèle et les fournisseurs. Elle fuit le monde pour mieux retrouver son propre univers. On dit que les opposés s’attirent. Mais aussi que l’union fait la force. Ces proverbes pourraient sembler discordants, mais ils collent parfaitement au studio Lizée-Hugot tant ils résument l’alchimie et la complémentarité de ce duo curieusement appairé. Stéphanie Lizée et Raphael Hugot n’ont fondé leur agence qu’en 2020, mais ils se connaissent de longue date.
Après l’Académie Charpentier pour elle, l’école Estienne, l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Olivier de Serres) puis Camondo pour lui, leurs chemins se croisent la première fois il y a une dizaine d’années, chez Olivier Lempereur. Cet architecte d’intérieur, disciple d’Andrée Putman, leur apprendra les principes de la rigueur, de l’organisation et de la gestion des chantiers. Par la suite, chacun mène sa barque dans diverses agences, avant que, en 2017, Stéphanie Lizée ne s’installe à son compte. Elle crée une boutique et un corner pour la marque de mode Roseanna, mais aussi Django, bar-restaurant à Pigalle, des appartements… Les deux architectes restent en contact. « Chacun posait parfois son regard sur les projets de l’autre, explique Stéphanie Lizée, jusqu’au début du confinement, en 2020, quand se présentent de gros programmes. Nous décidons de nous lancer ensemble. »
Des projets variés
Sortent coup sur coup à Paris un appartement de 200 m² avec vue sur le musée Rodin, le restaurant Abstinence, à proximité de l’École militaire et, tout récemment, l’Hôtel des Académies et des Arts, dans le quartier de Montparnasse. Ce dernier est né de la rencontre avec les propriétaires des hôtels Monsieur, qui ont repéré l’intervention de Stéphanie Lizée pour l’hôtel Le Sud, à Juan-les-Pins. Tout va très vite : le projet est signé en septembre 2020, les travaux débutent en décembre suivant pour une ouverture confidentielle en juillet 2021. Un bel exemple de la maîtrise technique et esthétique dont fait preuve ce jeune duo, mais aussi de sa force créatrice. « Stéphanie sait immédiatement ce qu’elle veut, constate Raphael Hugot. Pendant l’été qui a précédé le démarrage du chantier, elle a réalisé les croquis des chambres de l’hôtel, qui sont au détail près identiques au résultat final. » L’Hôtel des Académies et des Arts illustre l’approche et l’univers naissant du binôme : une appétence pour l’artisanat, une sélection pointue des matériaux et des couleurs, l’art instillé par touches et la qualité des pièces chinées… Tout, depuis les agencements jusqu’au mobilier, en passant par les éclairages, est créé sur mesure.
Un style à part
Serait-ce cela la signature du studio Lizée-Hugot ? « Il est encore tôt pour définir notre image, reconnaît avec lucidité Stéphanie Lizée, mais ce qui est certain, c’est que nous préférons concevoir une lampe ou un canapé plutôt que d’aller chercher un best-seller. Nous adorons le travail des matériaux, comme ici le bois ou l’Inox, et chaque programme nous permet d’en explorer de nouveaux. » Ce besoin a débouché sur une envie : « Imaginer notre propre collection de mobilier et de luminaires serait une autre façon d’affirmer notre style et de nous faire connaître, indique Raphael Hugot. Et pourquoi ne pas arriver à produire une pièce très identifiée, qui signerait un projet, mais que l’on présenterait chaque fois dans une version différente ? » En attendant de trouver ce fil rouge, le studio Lizée-Hugot poursuit son chemin naissant avec des propositions haut de gamme, inspirées et inspirantes, et en évitant l’écueil de la répétition qui, on l’aura compris, n’est pas du goût de ces architectes d’intérieur.
L’inspiration Lizée-Hugot
- Stéphanie : «Je n’aime pas la décoration pour la décoration, j’aime être surprise par les associations et les contrastes de matières et de couleurs, comme le fait Studio KO. J’aime aussi le travail de Lecoadic Scotto, de Luis Laplace, ou celui de décorateurs français comme René Prou (1887-1947) ou Jean-Michel Frank (1895-1941)».
- Raphaël : «Pierre Yovanovitch est pour moi un mentor, je l’ai toujours admiré, il est mesuré sur tout, il se dégage de son travail un bel équilibre. D’une façon générale, j’aime l’aspect intemporel des choses, la symétrie, mais je peux aussi être attiré par quelque chose de très bling-bling… Je n’ai pas de style de prédilection».
> Le cabinet d’architecture d’intérieur Lizée-Hugot.