Les Spotti sont de ces lignées qui ont fait le design italien contemporain. Après un showroom ouvert dans les années 70 dans la Brianza, dans le nord de l’Italie, la famille déménage son activité en 1986 à Milan, Viale Piave, où Claudio reprend, avec son frère Mauro, le business paternel. « Nous avons alors décidé de proposer une véritable expérience aux clients, à une époque où les showrooms étaient uniquement des lieux de vente. Nous leur avons apporté des services, des conseils, des idées… Dès lors, pas seulement les particuliers, mais les architectes aussi ont été de plus en plus nombreux à nous faire confiance », se souvient Claudio, un visionnaire aux conceptions très arrêtées.
Alors que les marques réclament des corners spécifiques, lui ne cède pas à cette injonction et s’attache à mélanger et mixer les influences. « Pour moi, une boutique est une boîte vide dans laquelle tu viens imprimer ta philosophie, ce que tu aimes, ton identité… Je veux que, chez Spotti, les gens s’imaginent chez eux, qu’ils puissent s’y projeter et oublier qu’ils sont dans un lieu de vente », détaille l’entrepreneur.
Spotti, un nom qui se murmure à l’étranger
Une atmosphère qui conquiert les clients milanais, mais aussi les étrangers. Ceux-ci apprécient le style Spotti et confient l’aménagement de leur intérieur au studio d’architecture intégré qui compte aujourd’hui six professionnels. C’est ainsi que, depuis son camp de base milanais, Claudio Spotti multiplie les chantiers dans le monde entier : Émirats arabes unis, Amérique latine, États-Unis, Asie… Spotti est un nom qui se murmure à l’étranger et pas seulement lorsqu’il s’agit de meubler des appartements ou des maisons.
Dans les années à venir, le Milanais espère d’ailleurs accroître le volume de projets de contract – bureaux ou hôtellerie. Et puis, au fil des ans, l’œil de Claudio Spotti s’est affiné au contact des designers et s’est laissé contaminer par la créativité milanaise ambiante. Son regard s’est fait plus exigeant, notant certains manques dans les propositions des éditeurs, déplorant que des architectes et des designers qu’il affectionnait et suivait de près ne soient pas assez sollicités par des fabricants…
Les choix du cœur
Et s’il remontait jusqu’à la source? S’il développait ses propres collections ? Lui qui fréquente aussi les manufacturiers sait qu’il pourra compter sur le vivier de la Brianza et de la Vénétie, dont il connaît par cœur l’écosystème et les savoir-faire. C’est ainsi que sont nées les éditions SEM (Spotti Editions Milano) en 2018, Via Garofalo. Une ligne à mi-chemin entre l’artisanat et le design industriel, entièrement fabriquée en Italie. Un projet très personnel pour Claudio Spotti, qui a démarré sa première collection avec une enfilade dorée d’esprit seventies, de Paolo Rizzo, puis l’a enrichie des pièces de Giacomo Moor et d’Elisa Ossino et, plus récemment, du Danois Hannes Peer.
Des noms pointus, méconnus du grand public, mais qui bénéficient d’un immense succès d’estime de la part des professionnels. C’est notamment le cas de Hannes Peer, la nouvelle star de la décoration européenne – il est basé à Milan –, qui vient notamment de dessiner un sofa et un fauteuil XXL inspirés du modernisme scandinave. Des choix que Claudio Spotti expérimente dans son propre appartement milanais. Un bel espace de 120 m2 dans un palazzo des années 40 qu’il a restructuré avec l’aide des architectes Carlos Moya et Luisa Calvi – avec, au sol, un parquet noir signé Michele De Lucchi –, et qu’il a bien entendu garni de modèles SEM sans négliger les autres créateurs qu’il distribue. « Effectivement, je vis entouré de mobilier SEM parce que c’est une maison d’édition que j’ai fondée avec le cœur. Je suis naturellement le premier à vouloir évoluer avec ces meubles que j’ai choisis sans la moindre contrainte. » Dans son salon, une lampe de Dan Yeffet pour Collection Particulière voisine avec un immense sofa de Piero Lissoni pour Living Divani et le tapis Eyes in Chains, de Federico Pepe, pour CC-tapis. Un regard acéré qui se nourrit de toute la création européenne.