1/ Léna Perraguin réinvente la tisserie
Après son bac arts appliqués, Léna Perraguin a d’abord passé une licence de communication visuelle, mais le besoin de revenir à la matière s’est vite imposée à elle. Elle rejoint alors la section Design Textile de l’Ensci et depuis, elle n’a jamais cessé d’expérimenter… Léna réalise des tissages sur-mesure, qu’elle adapte à chaque nouvelle commande. Dans son travail, c’est d’abord l’usage final qui définit les matériaux qu’elle emploie. Une fois ce choix fait, Léna use de son métier à tisser pour former des étoffes étonnantes et audacieuses, à base notamment de bois et de fil de fer mais aussi de fibres plus traditionnelles comme le coton ou le lin.
Attentive aux détails et aux textures, la designer a toujours observé attentivement son environnement. Elle s’étonne du reste que le reste du monde ne soit pas fasciné par un mur de brique rouges ou l’aspect changeant du goudron sur le trottoir. Cette sensibilité, on la retrouve dans une production d’une grande finesse. Curieuse de tout, elle réinvente à sa façon le métier de tisserand. Début octobre, elle s’installera aux Ateliers de Paris pour une résidence de deux ans où elle pourra développer une démarche déjà bien amorcée !
2/ Jules Lobgeois, le maker à la française
Après des études en design à Paris (Olivier de Serres) puis à Rennes, Jules Lobgeois a fait ses classes chez Kaspar Hamacher en Belgique. Aujourd’hui installé dans l’Oise, le jeune designer rythme son quotidien par de longues marches dont il s’imprègne pour penser ensuite ses objets. A travers ses collections, Jules Lobgeois nous fait redécouvrir les possibilités infinies des deux matières premières : le bois et le métal. Étonnant et opiniâtre, ce designer-maker fonctionne à l’instinct. Et si on lui enlevait ses deux matériaux favoris, il choisirait la pierre. Parmi ses références, on compte évidemment Jean Prouvé et Le Corbusier pour leur production architecturale, mais aussi Benjamin Graindorge et les Bourroullec pour leur pratique du dessin.
Jules Lobgeois a déjà envie de s’adonner au design d’espace, une échelle à laquelle il se confronte naturellement, notamment à travers sa série La Cornière qu’il a d’abord développée à l’échelle du bureau avec un support pour stylos, puis un vase décliné pour trois utilisations (plantes grasses, fleurs séchées et bouquet). Travaillés comme une extrusion de la forme initiale, ils ont vocation à une utilisation plus large, pour des arbustes, par exemple. Une évolution qui en dit long sur les capacités d’adaptation de ce jeune prodige.
3/ Aequo Édition et les richesses du Nord
Ce trio venu du Nord présente à Ground Control une série d’objets édités par Aequo, la maison qu’ils viennent tout juste de créer. Ces jeunes designers imprégnés de leur identité régionale se sont connus à l’école et, après un passage par le studio d’Alain Gilles, tentent aujourd’hui de valoriser autant les matériaux issus de l’industrie que les artisans locaux. Le nom leur est d’ailleurs venu de cette envie : penser leur pratique comme ex-aequo avec celle de leurs collaborateurs et sous-traitants (artisans, industriels, poètes…).
Les trois designers aiment donner du sens à ce qu’ils produisent : pour la collection « Fleur d’Orage », Arthur est parti d’une expression que son grand-père utilisait pour parler de ces nuages noirs qui se montrent avant que le tonnerre n’apparaisse. De cette image, il a tiré une étagère tout aussi légère, dont la succession de plateaux fait référence aux couches qui se superposent dans le ciel.
Leur dernière trouvaille ? De la brique rouge recyclée, concassée et mélangée à de la résine. Un nouveau matériau développé par la startup EtNisi, qui permet une grande liberté formelle, ce dont témoigne leur stand riche d’une première ligne toute en équilibre. On est impatient de découvrir les nouveaux produits de ces jeunes entrepreneurs hyper-actifs qui ne manquent pas d’idées pour remettre un peu de magie dans nos intérieurs.
> Paris Design Week, le Off.Jusqu’au 9 septembre à Ground Control. 81, rue du Charolais, 75012 Paris.