Née à la fin du XVIIIe siècle, la communauté utopiste des Shakers a imposé un style minimaliste et ergonomique, qui a inspiré des designers scandinaves ou l’artiste américain Donald Judd… Redécouverte de ces héros très discrets à l’occasion d’une exposition au Vitra Design Museum, en Allemagne.
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La grande leçon des Shakers
À la fois mythes fondateurs de l’Amérique et sources d’inspiration du mobilier moderniste, notamment scandinave, les Shakers n’en demeurent pas moins un mystère. Fondé aux États-Unis par Ann Lee (1736-1784), ce mouvement prônait le célibat, la vie communautaire et l’usage de la transe (d’où le nom « shaker », tremblements). Au fil des ans, les Shakers vont développer des structures architecturales adaptées à leurs besoins matériels et à leur foi.

Menuisiers, architectes et autres artisans apportent leurs savoir-faire et commencent à produire et à vendre du mobilier à partir de 1850. Ils publieront des catalogues et inventeront les médicaments, la scie circulaire, le balai plat ou la pince à linge.
Surtout, ils amélioreront la chaise à bascule, qui deviendra leur logo. C’est cette histoire que montre le Vitra Design Museum, dans une scénographie minimaliste en accord avec l’esprit des Shakers signée Formafantasma et avec la collaboration de musées américains. Un peu courte, l’exposition laisse sur sa faim et nous engage à acquérir le catalogue aux nombreuses illustrations et textes de référence.

À notre époque fascinée par l’artisanat, le non jetable et les matériaux naturels, les Shakers cochent toutes les cases : « S’ils avaient une vie très différente de la nôtre, ils peuvent nous apprendre beaucoup sur le rapport au travail – collaboratif –, le design, les modes de production, la modestie de leurs dessins. À l’heure de la raréfaction des ressources, leur vision représente une alternative à suivre », analyse l’historien de l’art et directeur du musée Mateo Kries, dont l’idée est de réétudier les Shakers d’un point de vue contemporain.
Alors que se multiplient les crispations à l’égard des minorités aux États-Unis, cette secte, dont il ne demeure que deux membres, alors ouverte aux Amérindiens (qui les ont initiés à la pharmacopée) et aux Afro-Américains, est une véritable source d’inspiration.
› « The Shakers : A World in the Making ». Au Vitra Design Museum, CharlesEames-Straße 2, 79576 Weil am Rhein (Allemagne), jusqu’au 28 septembre. Design-museum.de
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