Les 10 voies de la sagesse
Immeubles d’habitation à Grenoble, de bureaux à la Défense, parcs d’exposition au Maroc ou en Chine… l’agence de Denis Valode et Jean Pistre est devenue une référence. Cette vision globale a permis au premier de mûrir une théorie sur l’architecture. Il la livre dans cet ouvrage passionnant qui intéressera néophytes et spécialistes, guidés par des éléments de réflexion clairs où sont exposés non-dits et idées reçues. Si le geste architectural en prend pour son grade, c’est pour mieux entrer dans ce qui fait le cœur de la discipline en 10 mots-clés et 50 exemples.
Architecture, 10 voies d’accès, de Denis Valode, Archibooks, 242 p., 22 €.
Refuge corbuséen
Rénovée l’an dernier, la Cité de refuge est une clé de compréhension passionnante de la méthode Le Corbusier. L’histoire de ce projet essentiel est retracée, des années 20 à sa rénovation. Forts d’une documentation riche, les auteurs révèlent les qualités et les défauts d’une construction qui en dit long sur le créateur démiurge, et sur ses théories (« la dimension salvatrice de l’architecture contemporaine »). Incontournable aussi, le chapitre sur l’évolution de ce type d’architecture.
La Cité de refuge, Le Corbusier et Pierre Jeanneret – L’Usine à guérir, de Gilles Ragot et Olivier Chadoin, Éditions du Patrimoine, 240 p., 35 €.
Sur des roulettes
S’ils sont nombreux à s’essayer au floutage entre intérieur et extérieur, rares sont les architectes qui y réussissent aussi bien que Tom Kundig. Musée à Tacoma, villas en Californie, à Hawaii ou dans l’État de Washington, tous ses projets (en verre, acier rouillé et béton) publiés dans cette imposante monographie sont basés sur d’ingénieux systèmes de glissières et de poulies. L’occasion de découvrir le travail de son studio, célèbre aux États-Unis, symbole de la créativité de Seattle où Tom Kundig crée ses étonnantes machines modernistes ouvertes sur le dehors.
Works, de Tom Kundig, en anglais, Princeton Architectural Press, 300 p., 65 €.
Jean Balladur le visionnaire
Populaire, bondée, moche… les qualificatifs les plus négatifs ne manquent pas pour la décrire. Pourtant, avec un demi-siècle de recul, La Grande-Motte mérite d’être réévaluée. Pour s’en convaincre, la couverture du livre de Gilles Ragot donnant à voir un espace aéré, fortement végétalisé, prouve combien cette station balnéaire est à l’opposé des fronts de mer ultrabétonnés de l’époque. Le livre rend autant hommage à la démarche de son architecte, l’utopiste réaliste Jean Balladur, qu’à l’urgence de préserver cet ensemble rare, aussi humain qu’idéaliste.
La Grande-Motte, patrimoine du XXe siècle, de Gilles Ragot, Somogy, 232 p., 45 €.
Épure provençale
Si l’architecture se situe à la croisée de bien des disciplines, Maurice Sauzet est l’incarnation parfaite de cette idée. C’est après un voyage fondateur au Japon qu’il prend conscience des valeurs que véhicule la discipline. Un axiome que Chris Younès déroule tout au long de cette monographie. Philosophique, poétique et écologique tout autant qu’architectural, cet ouvrage savant repose sur un ensemble de clichés de projets. Ils illustrent tous à merveille l’universalité de certains préceptes mais aussi la limpidité du travail de Maurice Sauzet.
Maurice Sauzet, poétique de l’architecture, de Chris Younès, Norma Éditions, 352 p., 49 €.
Brut is the new black
C’est le journaliste anglais Jonathan Meades qui en parle le mieux : « Exigeant, idéaliste et sérieux : le brutalisme est une architecture pour les adultes. » Honni pendant des décennies, ce courant architectural, héritier du Bauhaus et dérivé du modernisme européen – et dont le nom fait référence au béton brut et non à la brutalité, comme on pourrait le penser –, imagine une architecture politique qui veut changer la vie des classes populaires européennes. C’est l’histoire de ce courant, sa portée et son influence sur des architectes comme John Pawson ou Zaha Hadid que ce livre invite à découvrir.
Archi Brut, de Peter Chadwick, Phaidon, 224 p., 40 €.