Pile à l’autre extrémité de la péninsule, côté est, c’est la zone industrielle de Dogpatch qui fait joliment sa mue. À première vue, des cottages victoriens qui tombent en ruine, des hangars en déshérence et des échangeurs auto-routiers. Mais dans Minnesota Street ou dans la 22e Rue, les designers, les galeristes et les artistes, tous gourmands en grands espaces pour travailler à l’aise, injectent un certain sang neuf au quartier tout en respectant son ADN.
Le plasticien Gregory Kaplowitz, partageant ici un immense atelier collectif, loue d’ailleurs « l’esprit de communauté » qui règne à Dogpatch, mariage équilibré, pour l’instant, entre faune arty et population ouvrière.
Son travail tout en puissante abstraction, il le montre cependant dans une galerie de la ville d’Oakland, encore plus à l’est, où les professions créatives, poussées toujours plus loin, s’installent en masse. Est-ce alors là-bas, de l’autre côté de la baie, mais à deux pas de l’université de Berkeley et de ses brillants cerveaux, que San Francisco, trop à l’étroit, se régénérera ? « San Francisco a toujours été une ville intellectuelle, littéraire, cultivée, et le restera, recadre la marchande d’art Jessica Silverman. Et pourtant, ces dernières décennies, les New-Yorkais et les Angelenos nous regardaient un peu de haut, comme si nous n’étions pas sur la carte des villes qui comptent. Mais depuis que le San Francisco Museum of Modern Art a rouvert en 2016, en triplant sa surface (devenant ainsi le plus grand musée d’art moderne d’Amérique, NDLR), on nous prend de nouveau au sérieux ! »
La galeriste expose d’ailleurs ses plasticiens d’avant-garde à quelques rues du mégamusée dans un espace lumineux de Tenderloin, petit quartier étonnamment déglingué de l’hypercentre : quand on quitte ses vernissages, la nuit, on croise des bouis-bouis dont les néons grésillent, mais aussi un excellent club de jazz, le Black Cat ; on longe des auberges plutôt louches ainsi que le très in Tilden Hotel... Soit peut-être l’essence même de San Francisco, métropole rock’n’roll où le vivre-ensemble n’est toujours pas un vain mot.
SE DÉPLACER & SE RENSEIGNER
Le métro de San Francisco, malgré une certaine vétusté, s’avère rapide, mais il ne va pas partout. Les taxis restent abordables (plus chers qu’à Los Angeles, mais moins qu’à Paris !).
Office du tourisme de San Francisco : fr.sftravel.com
PROFIL EXPRESS
• San Francisco, en 2016, comptait 870 887 habitants (4 679 166 dans son aire urbaine), ce qui la plaçait « seulement » en quatrième position des
villes californiennes, derrière Los Angeles, San Diego et San José.
• Elle tient son nom de saint François d’Assise : les premiers missionnaires espagnols à s’y installer, les frères franciscains Francisco Palóu et Pedro Cambón, ont débarqué là avec l’expédition
de l’explorateur José Joaquin Moraga au XVIIIe siècle. À cause de son épais brouillard, la baie aurait échappé aux expéditions précédentes, arrivées en Californie au XVIe.
• Les premiers habitants de la région étaient les Indiens Ohlones.
• San Francisco devient une véritable ville autour de 1850, comptant
25 000 habitants, quand les chercheurs d’or s’y installent en masse.
• Ces dernières années, les entreprises liées aux nouvelles technologies, historiquement installées dans la banlieusarde Silicon Valley, choisissent de plus en plus de s’implanter à San Francisco même et bousculent les équilibres de la ville.