« Born in France. Designed in Milan. Produced in Nepal », proclame fièrement le site web de cc-tapis. Si l’éditeur est aujourd’hui considéré comme un fleuron du design italien, il est en effet né en France. Après s’être rencontrés à l’Ecole hôtelière de Lausanne, Nelcya Chamszadeh et Fabrizio Cantoni s’installent à Strasbourg, dont est originaire Nelcya, et où son père possède une boutique de tapis persans.
Ils y fondent en 2001 un concept-store multi-marques au sein duquel ils proposent entre autres des tapis. Ils se prennent de passion pour cette typologie alors délaissé par les designers et décident en 2011 de remédier à cette carence. Pour ce faire, ils décident de s’installer à Milan.
« Nous étions complètement inconscients »
A 40 ans, Fabrizio reprend en effet des études à la Scuola Politecnica di design, où il rencontre le jeune Daniele Lora, lui aussi enthousiaste à l’idée d’insuffler au tapis un esprit d’avant-garde. Il décide de se joindre à l’aventure en tant que directeur artistique et, dans la foulée, cc-tapis ouvre son showroom dans le quartier de Brera. « Nous étions complètement inconscients ! Nous n’avions fait aucune étude marketing, aucun sondage, rien ! Juste nous trois assis en train de nous dire : “Faisons de beaux tapis et voyons ce qui se produit !” »
Si les débuts sont difficiles, cc-Tapis fait peu à peu son trou dans les showrooms, les lieux publics et les demeures privées milanaises. Pour la production, Fabrizio et Daniele se rendent en Inde puis au Népal où ils trouvent des ateliers dont ils ajustent les méthodes, notamment en termes de palette de couleurs, pour qu’ils deviennent leur fabricant attitré. « Le fait de ne pas avoir de sous-traitants nous donne une grande liberté d’expérimentation. Il est aussi possible de faire des erreurs, mais c’est important dans le processus créatif », défend Fabrizio.
« Nous n’avons pas de style défini »
La volonté de cc-tapis de se concentrer sur la seule créativité des designers et de considérer chaque modèle comme un concept à part entière, pas un simple dessin, a porté ses fruits. « Nous n’avons pas de style défini, seulement une approche commune », rappelle à ce sujet Daniele Lora.
En dix ans, la marque a su séduire des designers de premier plan (de Patricia Urquiola à Jean-Marie Massaud et de Faye Toogood à Studiopepe) dont les dessins sont matérialisés dans l’Himalaya dans une approche éco-respectueuse depuis ses origines.
India Mahdavi, Patricia Urquiola, Muller Van Severen…
Amoureux des savoir-faire et des artisans népalais, cc-tapis a créé en 2015 l’ONG cc-for-Education, dont la mission est de fournir un enseignement de qualité à tous les enfants des tisseurs. Une initiative à laquelle IDEAT a plusieurs fois apporté son soutien.
Tout au long de 2021, cc-tapis dévoilera des collaborations avec des nouveaux designers pour commémorer ce 10e anniversaire. En avril, Cristina Celestino présentera ceux inspirés par le tableau de Matisse Nature morte aux aubergines. Cet automne, India Mahdavi, Patricia Urquiola, Bethan Laura Wood et Muller Van Severen lui emboîteront le pas.
Un nouvel élan écologique pour cc-tapis
Cet anniversaire est aussi l’occasion de réaffirmer les convictions écologiques de cc-tapis, cultivées depuis l’origine avec cette petite production, à échelle humaine et artisanale. La marque utilise désormais pour tous ses emballages et housses de rangement un matériau fait en Inde avec des textiles recyclés. Et elle sera bientôt en mesure d’afficher sur chaque produit son empreinte carbone. Quant aux catalogues, ils sont maintenant 100 % numériques et le site permet de visiter en 3D le showroom milanais proche du Duomo.
La campagne publicitaire shootée pour l’occasion par le photographe Piotr Niepsuj met en scène des tapis piochés parmi les 105 collections de tapis noués main et 25 de tapis tissés main dans des hôtels milanais. Une manière de rappeler les palaces où l’aventure cc-tapis a démarré…