Nos six bonnes raisons de savourer l’automne à Paris

A chaque saison son lot de renouveau. Si les rues de Paris passent leurs habits ocre en attendant l'hibernation, les restaurants, eux, n'en finissent de bourgeonner. Malgré un contexte sanitaire de plus en plus compliqué, ces nouveaux venus s'adaptent pour accueillir les gastronomes qui, tout en respectant le couvre-feu, n'ont pas finit de croquer la vie... et les bonnes assiettes !

La totalité de nos tables d’automne nous ont confirmé continuer à recevoir du public malgré les dernières annonces du gouvernement et le couvre-feu en vigueur dès 21 heures.


1/ Les Petits Parisiens

Un audacieux dégradé habille murs et plafond chez Les Petits Parisiens.
Un audacieux dégradé habille murs et plafond chez Les Petits Parisiens. Jérôme Galland

Comment faire revivre une institution parisienne sans en bafouer la mémoire ? Arnaud Duhem, déjà à la tête des Petits Princes à Suresnes, pose pour la première fois cet automne ses valises à Paris, dans un restaurant pétri d’histoire. C’est au 49 de l’avenue Jean-Moulin que la bistronomie a vu le jour, sous la houlette de deux chefs tricolores de renom : Yves Camdeborde et Bruno Doucet. Aujourd’hui, La Régalade n’est plus et c’est aux Petits Parisiens de prendre la relève. Et qui mieux que le second du chef Doucet pour raviver la flamme ? Rémy Danthez, qui officiait déjà chez Duhem à Suresnes, revient aux fourneaux de ses débuts pour réinventer la cuisine de son mentor. Dans un décor épuré, qui a eu la bonne idée de recycler le mobilier et le sol d’origine, la gastronomie franco-française est à l’honneur. Généreux et de saison, les plats du jeune chef Danthez font la part belle aux produits du terroir (cèpes, gibier, coquilles Saint-Jacques, truffes…).

En plus d’être délicieuses, les assiettes du chef ravissent les yeux.
En plus d’être délicieuses, les assiettes du chef ravissent les yeux. Jérôme Galland

> Les Petits Parisiens. 49, avenue Jean-Moulin, 75014 Paris.


2/ Tamara

A l’étage comme au niveau inférieur où se dévoile la cave, le dépouillement du décor met en lumière la finesse de l’adresse.
A l’étage comme au niveau inférieur où se dévoile la cave, le dépouillement du décor met en lumière la finesse de l’adresse. Fanny Liaux

Certaines adresses sont tout simplement justes. A deux pas de la Comédie-Française, Tamara est de celles-là. Au premier regard, Tamara se dévoile quasi-nue. En réalité, sa beauté réside dans ses détails : tables en marbre aux piétements asymétriques, miroirs de sorcière chinés, assiettes façonnées à la main… A la façon du cadre parfait qui souligne la beauté d’un tableau, le lieu laisse toute la place au talent du chef, qui s’exécute sous nos yeux. Clément Vergeat, ancien du Copenhague (une étoile), imagine pour Tamara une gastronomie sincère et responsable (les cuisines tournent selon un principe zéro déchet). Les petites assiettes, ultra dessinées, se découvrent à la carte ou à l’aveugle, grâce au menu dégustation (que nous vous recommandons !). Quant au choix des vins, faites confiance à l’équipe ! Natures ou traditionnels, ils ont tous été sélectionnés en direct chez les producteurs. Cerise sur le gâteau : la maison fait elle-même ses propres fermentations (kombucha, pickles…) qui sont, évidemment, proposées à la carte…

Le savoureux parfait aux fruits d’automne du chef Vergeat.
Le savoureux parfait aux fruits d’automne du chef Vergeat.

> Tamara. 15, rue Richelieu, 75001 Paris. 


3/ Papi

Vu de l’extérieur, Papi évolue dans un décor de théâtre signé Neri&Hu.
Vu de l’extérieur, Papi évolue dans un décor de théâtre signé Neri&Hu. Laurent Tek

Papi, le nouveau bistrot qui fait mouche rue Richer, mise sur le mélange des genres. La petite adresse – moins de 50 couverts – s’est payée les services de Neri&Hu qui signe son premier projet tricolore. Le duo d’architectes d’intérieur canadien, qui a notamment travaillé sur la réhabilitation de la Samaritaine, a complètement remodelé un espace classique en vaisseau futuriste. Une structure arrondie vient casser la linéarité de la salle, adoucissant les angles et présentant, vu de l’extérieur, une seconde façade effet trompe-l’œil. Dans l’assiette, même topo. Le chef Akira Sugiura, formé au Japon et en Toscane, s’amuse à revisiter les cuisines qui l’ont bercé au long de sa carrière. Papi propose donc un menu teinté d’Italie, où vous croiserez aussi bien des pizzas au levain (sourcé chez l’un des meilleurs boulangers de France, Thierry Delabre) que des crossover alléchants comme les pâtes Udon façon Caccio e pepe.

Gnocchi au pesto d’épinards, gorgonzola, noisettes et sauce marsala.
Gnocchi au pesto d’épinards, gorgonzola, noisettes et sauce marsala.

> Papi. 46, rue Richer, 75009 Paris.


4/ Marchon

Le cabinet d’architecte Akira Studio et Alexandre Marchon ont imaginé ensemble cette table lumineuse d’une cinquantaine de couverts.
Le cabinet d’architecte Akira Studio et Alexandre Marchon ont imaginé ensemble cette table lumineuse d’une cinquantaine de couverts. PierGab

La nouvelle planque d’Alexandre Marchon diffuse depuis le début du mois de septembre ses bonnes ondes dans un tronçon tranquille de la rue Saint-Maur. Si son enveloppe aux allures scandinaves a été imaginée avec le concours du studio Akira, son âme découle directement du jeune chef autodidacte. Simplicité et convivialité sont au rendez-vous de cette table aux couleurs d’automne où les plats sont servis avec un supplément sourire de la main d’un serveur… ou du grand patron lui-même. Le menu unique en trois, cinq ou sept temps (une formule midi est aussi disponible) est préparé sous nos yeux charmés dans une cuisine totalement ouverte sur la salle, élaboré à partir de produits frais et locaux. Les légumes y tiennent la vedette, jusqu’à prendre la forme d’un dessert le soir de notre dégustation (le menu évolue chaque jour…) aux côtés d’associations de saveurs audacieuses (riz de veau frits et coques ce soir-là).

Le chef Marchon réinvente chaque soir son menu au gré de ses envies.
Le chef Marchon réinvente chaque soir son menu au gré de ses envies. PierGab

> Marchon. 161, rue Saint-Maur, 75011 Paris.


5/ Coyo Taco

Uchronia réinvente les codes de Coyo Taco pour mieux intégrer le lieu à sa nouvelle résidence.
Uchronia réinvente les codes de Coyo Taco pour mieux intégrer le lieu à sa nouvelle résidence. Valerio Geraci

Le plus mexicain des fast-food made in USA traverse l’Atlantique pour apprendre à l’Europe ce qu’est un vrai tacos. Après une première adresse au Portugal, Coyo Taco s’installe cet automne rue Montmartre. Pardonnez notre gourmandise profane mais avec un écrin signé par l’étoile filante du design parisien, Uchronia, nous ne pouvions passer à côté. Tout juste sorti de l’école, Julien Sebban enchaîne déjà les projets (Créatures, Onii-San, bientôt le restaurant du Musée d’Art Moderne, et d’autres adresses résidentielles). Pour ce nouveau projet, il réinvente la panoplie azur de la marque américaine pour la mettre au diapason de la scène parisienne. Rehaussé de vermillon, modernisé par le gris de l’Inox et des murs brossés, et décoré d’une belle céramique portugaise au sol, le bleu historique de Coyo Taco trouve un second souffle à Paris.

Chez Coyo Taco, on mange bien évidemment… des tacos ! Mais aussi d’excellents burritos (déclinés en bols) et quesadillas.
Chez Coyo Taco, on mange bien évidemment… des tacos ! Mais aussi d’excellents burritos (déclinés en bols) et quesadillas. The Travel Buds

> Coyo Taco109, rue Montmartre, 75002 Paris.


6/ TO

Cet automne, TO accueille ses clients dans un décor sobre et élégant.
Cet automne, TO accueille ses clients dans un décor sobre et élégant. Steven Frebourg

Le Canal Saint-Martin est une terre fertile pour les restaurants. Ryo Miyazaki (ex Saturne) ne s’y est pas trompé en signant le bail du 34, rue Beaurepaire. Baptisé TO – le symbole de la porte en japonais –, son premier restaurant solo ouvre, justement, une porte entre Paris et Tokyo. Le jeune chef ose les mariages inédits en revisitant les fondamentaux de notre gastronomie à la sauce nippone avec, par exemple, sa terrine de foie gras accompagné d’une compotée de pomme-yuzu ou encore son pâté de campagne grillé aux saveurs miso. Végétarienne, carnivore mais surtout porté sur la mer, Ryo Miyazaki fait parler le poisson Ikejime comme personne, grâce à des marinades de 10 jours dont il garde le secret. La salle est à l’image de l’assiette : tout en retenue et en volumes. Le restaurant se dévoile ainsi sous plusieurs coutures à mesure d’une visite. Tantôt clair et boisé à l’entrée, végétal et de terrazzo vêtu dans la salle ou carrément feutré près du bar, le minimalisme est de rigueur… mais il se révèle parfaitement adapté !

Les assiettes s’accordent aux mets qu’elles accueillent.
Les assiettes s’accordent aux mets qu’elles accueillent. Steven Frebourg

> TO. 34 rue Beaurepaire, 75010 Paris.

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