«Avec le recul, le choix de cet appartement m’apparaît totalement cohérent », analyse Nicoline Beerkens. Sa passion pour la décoration remonte à l’enfance, quand elle regardait sa mère architecte d’intérieur jouer avec les motifs, les textiles et les papiers peints : « Elle exprimait bien sûr son goût jusque dans notre foyer, parallèlement à ses projets professionnels. Régulièrement, elle nous rapportait des objets qui embellissaient notre maison. Enfant, j’ai assisté à quantité de rénovations, petites ou grandes. » Aujourd’hui encore, pendant leurs conversations téléphoniques, elles ont l’habitude d’esquisser des idées d’aménagement : « Là où d’autres griffonnent de manière automatique, nous traçons des plans ! » Nicoline, qui n’envisageait initialement pas cette orientation, a fini par suivre la voie de sa mère. Au cours de ses voyages, elle ne peut s’empêcher de dénicher tissus, meubles, tapis et autres objets inspirants.
La découverte d’une vocation
Si Nicoline Beerkens a appris dès l’enfance l’art de décorer, elle s’est d’abord tournée vers des études de droit : « J’ai exercé en tant qu’avocate, mais très vite j’ai compris que cela ne me convenait pas. » Sa vocation, la jeune femme est partie la chercher à Los Angeles où elle a trouvé son bonheur. « J’ai de la chance que mes parents m’aient laissée tenter l’aventure. Ils devaient savoir que l’on finit toujours par rentrer à la maison. Là-bas, j’ai été embauchée par l’architecte d’intérieur Michael Moloney. Ce fut le déclic ! Je me suis découvert des qualités artistiques que j’ignorais. C’était génial. »
De retour aux Pays-Bas, Nicoline Beerkens commence par intégrer le studio du célèbre designer Marcel Wolterinck, à Laren. Puis elle collabore avec celle qui deviendra son mentor : Kate Hume, à Amsterdam : « J’ai beaucoup d’admiration pour sa manière de travailler. Je l’ai harcelée pour qu’elle me prenne sous son aile. Elle m’a appris à rendre possible l’impossible. Dans le domaine de l’architecture intérieure, elle possède un style bien à elle, qui sort des sentiers battus. Pour trouver le tissu dont nous avions besoin, il nous arrivait de parcourir la terre entière. Nos coussins mêlaient des inspirations éclectiques, venues de trois continents. Kate est un modèle pour moi ; elle vous donne envie de vous surpasser. » C’est effectivement elle qui a encouragé Nicoline Beerkens à voler de ses propres ailes et a créer son studio d’architecture intérieure il y a huit ans.
La liberté totale de Nicoline Beerkens
Douée d’un vrai sens des contrastes, des matières et des couleurs, Nicoline sait créer des ambiances singulières. « Quand je parviens à insuffler de la chaleur dans une maison, je m’estime très heureuse de faire ce métier. Ce sont les ambiances qui m’intéressent avant tout », révèle la jeune femme. C’est ainsi que son appartement, qu’elle partage avec Pieter Van Herpen, son mari, se voit régulièrement transformé : « Il me laisse une liberté totale pour la décoration, même s’il lui arrive de froncer les sourcils devant mes choix de couleurs excentriques. Et une fois certains éléments remplacés, il me demande où sont passés les jolis tapis… »
Devenus parents, ils ont aspiré à une vie dans un quartier tranquille, où Georgia (6 ans) et Jack (4 ans) pourraient jouer dehors, mais sans s’éloigner de la ville et de ses canaux. Ils sont tombés sur un appartement des années 30, de 145 m2, situé à Amsterdam-Zuid (Amsterdam-Sud). Auparavant, cette habitation en rez-de-jardin était occupée par une femme seule. La décoration datait et méritait un sérieux rafraîchissement. Un défi que Nicoline Beerkens s’est empressée de relever : « Nous avons rénové l’appartement de fond en comble afin de l’adapter à nos besoins. Nous avons abattu des murs, des plafonds et agrandi le jardin. » Mais la jeune femme n’a jamais cessé de visualiser le résultat. Et cette vision, c’est exactement ce qu’est devenu ce logement, avec son grand hall, sa distribution et son ambiance de suite cinq étoiles : spacieuse, pleine de vie, de couleurs et faisant la part belle aux œuvres d’art que le couple collectionne.
Quiconque pénètre chez elle est instantanément frappé par l’audace de son style. Dans le hall, le regard est attiré par le papier peint signé Kelly Wearstler, dont les motifs bleu et blanc répondent aux portes recouvertes de raphia des placards. « Dans le salon, j’ai choisi un revêtement mural composé de fibres naturelles, dans des tons mats, qui mettent en valeur le canapé en velours marine », précise la décoratrice. Elle aime juxtaposer des couleurs vives, auxquelles elle associe un certain classicisme.
Un appartement qui ne laisse pas indifférent
Son mari, lui, est plus attiré par les ambiances de maison de bord de mer agrémentée de pièces originales. Résultat : les deux univers cohabitent : « La cuisine est le terrain de mon mari. L’atmosphère y est légère. Les meubles vert clair et les tabourets de bar en rotin diffusent une atmosphère de vacances. Pieter s’occupe du jardin et a construit lui-même la terrasse en pierre, à l’exception des carreaux rayés, qui me rappellent le soleil californien », corrige Nicoline Beerkens en riant. Elle poursuit : « Toutes les chambres sont situées au même étage et donnent sur le hall central. J’adore entendre mes enfants jouer pendant que je suis dans la cuisine. Nous avons mis des portes entre la salle à manger, qui est le cœur de notre foyer, et le salon, qui est l’endroit idéal où se blottir en fin de journée. C’est mon coin tranquille, mais, une fois par semaine, nous y dînons tous les quatre, sur le canapé. Chacun choisit ce qu’il adore grignoter et on y passe la soirée. C’est une tradition que les enfants adorent. Un intérieur est fait pour y vivre, même quand la décoration est magnifique. Elle doit être compatible avec ses habitants, même très jeunes. »