À Rennes, au Frac Bretagne, monolithe noir conçu par l’architecte Odile Decq, la première exposition des frères Bouroullec, « 17 screens », développe le principe des écrans de séparation, « des entrelacs, des tressages, parfois délicats, transparents », décrit Ronan, facilement poète. Des panneaux en branche de châtaignier sont percés d’embouts liés entre eux par une petite connexion plastique. Tricotage ou broderie de losanges de céramique enfilés comme des perles… Selon Ronan, c’est enfantin. À voir, c’est divin. « Toute cette exposition est suspendue, légère, scintillante », poursuit-il, décrivant une tapisserie en jacquard de Lurex, « vibrant comme dans un Monet au couchant, avec reflets sur l’eau, au bord du kitsch ».
La deuxième exposition, « Rétrospective », déroule sur de grandes tables suspendues vingt ans de travail : films, photos, tapis faits au Pakistan et mobilier destiné à l’université de Copenhague accompagné de vidéos de crash tests. La troisième exposition, « Rêveries urbaines », prend place dans le centre-ville, aux Champs libres, une agora culturelle. Dans la salle de concerts, l’expo de leurs propositions en matière de ville se veut didactique : fontaines-toboggans, chutes d’eau ou cheminées urbaines. « Rien de pire que les maquettes trop bien faites, trop synthétiques », lâche le designer. Des algues récoltées en Bretagne, et conservées ici malgré leur puanteur, singent la végétation. « On lance des perches. C’est ainsi que le projet devient plus réel pour le public », dit Erwan.
Enfin, dans la cour XVIIe du parlement de Bretagne, le Kiosque est un projet d’architecture nomade (une commande du promoteur immobilier Emerige en partenariat avec la Galerie Kreo). Son toit s’ouvre comme un livre, à l’image des expositions des Bouroullec.