Que présentiez-vous lors de votre exposition à la galerie Ernst Hilger à Vienne en 2015 ?
Un groupe de photographies prises ces trois dernières années qui confrontent ma nouvelle façon d’aborder le thème des côtes. On y voit moins de gens et plus la nature.
Cette exposition a permis de s’interroger sur l’évolution de votre travail et donc celle de la société italienne…
Au départ, j’étais plus intéressé par les groupes sur la plage afin d’obtenir des interactions complexes. à présent, je maîtrise mieux mes photos. Je peux atteindre le même niveau de complexité avec moins de gens et plus d’interaction avec leur environnement. La société italienne a été violemment atteinte par la crise. Les évolutions font partie de ce cycle économique. Par contre, d’un point de vue photographique, le changement réel c’est l’arrivée des téléphones dotés d’appareil photo que les gens utilisent sur la plage. Ils ont pris un rôle majeur dans nos vies.
Comment votre style est-il né ?
Un jour, je me suis fait voler mon appareil à Milan lors d’un déjeuner et du coup, je n’avais plus qu’un seul boîtier grand angle. Mes premières photos de foule sont nées ainsi, avec un pied bricolé pour cet appareil trop large.
Quelles plages vous inspirent ?
J’ai abordé les plages italiennes comme un moyen d’expliquer nos vies contemporaines. Il y a de la joie, des couleurs mais aussi un contexte plus complexe. Mes photos de plage présentent les perturbations de la normalité. L’imposture esthétique, l’allusion à la sexualité mais aussi la marchandisation des loisirs, l’illusion qu’apporte un certain confort financier, la rigidité des conformismes…
Quels challenges rencontrez-vous lors de vos prises de vue ?
Dans le meilleur des cas, je connais déjà la plage parce que quelqu’un d’autre l’a déjà photographiée. Je peux donc placer mon petit échafaudage exactement au point désiré. Mais les choses ne sont jamais aussi simples ! Parfois, je ne peux pas avoir tout le matériel que je veux et je dois faire avec.
A propos de foule, pourquoi ne pas photographier des stades ?
Je n’en ai jamais photographié parce que tout le monde y est occupé à la même chose, dans une certaine uniformité. Or mes photos projettent des couleurs, des visages et des postures très différents. Chaque petite scène forme un grand ensemble, à l’image des peintures classiques qui ont influencé mes premiers clichés.
Suivez-vous le travail de jeunes photographes ?
Toujours. Il y a quelque temps, j’ai découvert le travail de Jeroen Hofman et je suis depuis un certain temps La Toya Ruby Frazier. Je suis très heureux qu’elle ait reçu le célèbre prix MacArthur !