Rafael Moneo est, à ce jour, le seul architecte espagnol à avoir reçu le prix Pritzker, en 1996, suivi du très distingué prix Mies van der Rohe en 2001. Né en 1937, ce grand admirateur d’Alvar Aalto qui a enseigné la théorie de l’architecture et du design à Harvard et Princeton, est un homme aussi cultivé que discret. On lui doit des réalisations respectées, comme la cathédrale Notre-Dame-des-Anges à Los Angeles ou la magnifique extension du musée du Prado à Madrid. Néanmoins, il reste peu connu du grand public. Une attitude low profile qui ne pouvait qu’entrer en résonance avec les valeurs que défend Hermès.
Dans un univers concurrentiel qui cède de plus en plus souvent aux sirènes du sensorialisme instagrammable, la maison du 24 Faubourg affirme une fois de plus sa différence. « Rafael Moneo est certes un Pritzker, mais peu de gens le connaissent. C’est quelqu’un de discret, un architecte silencieux, rigoureux, avec une profondeur théorique », déclare Alexis Fabry, un des deux directeurs artistiques d’Hermès. Sa consœur Charlotte Macaux Perelman renchérit : « On trouvait juste de recourir à un architecte. Hermès doit se tenir à la bonne distance par rapport à notre époque. Or le rapport au temps de l’architecte est plus long que celui du designer. Le mobilier de Rafael Moneo est à la fois très rigoureux et très dessiné. »
Véritable « méditation sur la ligne », Oria rend hommage au mobilier en bois courbé d’Alvar Aalto et aux sièges à structure tubulaire si emblématiques du Bauhaus. « Je me suis appliqué à imaginer la structure la plus légère possible, mais aussi à l’associer à la sensation de plaisir procurée par la matière de l’objet », explique Rafael Moneo. « Le siège a l’air très simple, mais il est en fait très dessiné, décrit Charlotte Macaux Perelman. Le dossier se retourne en équilibre sur le pied arrière et la réalisation a été assez complexe pour aboutir à un résultat aussi tendu que sur le dessin. »