Opportunément placée du 15 au 22 octobre pendant la semaine de l’art parisienne – Paris+ par Art Basel du 20 au 22 octobre, Design Miami/Paris du 17 au 22 octobre… – cette exposition « pop up » a gagné ses titres de noblesse à force de choix éclectiques, véritables « coups de cœur » de son organisatrice, puisés dans la nouvelle génération d’artistes et de designers. Sa spécificité : se tenir dans le cadre intimiste d’un grand appartement haussmannien de l’avenue Franklin Roosevelt. On découvre ainsi de pièce en pièce plus de trente artistes français et internationaux à travers leurs sculptures, peintures, objets ou tapisseries, disposées dans cet intérieur qui, par conséquent, prend l’allure de l’antre raffiné d’un collectionneur compulsif.
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Cette année, nombreuses sont les jeunes recrues à peine sorties des Beaux-Arts, que l’œil aiguisé de Nadia Candet a remarquées, comme Rose Ras, déclinant le thème de la route à travers des toiles et des sculptures énigmatiques, ou Olivier Lépront et son interprétation très personnelle de la nature morte dont le réalisme est poussé à son paroxysme sur d’immenses toiles. Mais aussi des artistes exposant déjà par ailleurs, comme Olivier Masmonteil dont les paysages subliment l’art figuratif d’aujourd’hui, avec ses horizons zébrés de lignes hallucinatoires quasi fluorescentes, ou Lætitia Jacquetton, française installée à Murano où elle fabrique ses vases sculptures mariant le verre, la pierre et la brique dans une fusion brute entre la nature, la main et l’art du feu. Justement, à la frontière de l’art et du design, on note aussi la présence de l’architecte Caroline Andreoni, avec sa table en bois et marbre sur laquelle sont exposées les assiettes de la New-Yorkaise Luisa Maisel pour son « Another Dinner party », ode à toutes les grandes artistes femmes (Marina Abramovitch, Frida Khalo…).
Plusieurs pièces remarquables attirent l’attention, toutes réalisées en collaboration avec ColAAb, galerie parisienne dont la spécificité est de solliciter des artistes reconnus pour les faire travailler sur des pièces « fonctionnelles » et les meilleurs artisans. Comme le banc Shibari de Morgane Tschiember, sorte d’allégorie du bondage ; la table basse faussement baroque en bronze et travertin La Voie d’or du Chinois Xiao Fan Ru, ou la table en bronze patinée de noir Tchouri de la Polonaise Angelika Markul, telle une comète ayant traversé des années-lumière jusqu’à nous…
Private Choice, galerie d’art exclusive
Le succès de Private Choice, cette galerie d’art secrète en marge des raouts parisiens, ne doit rien au hasard : son apparente décontraction alliée à des visites sur rendez-vous est aussi la raison de son succès. Sa fondatrice, Nadia Candet, a vécu une enfance globe-trotteuse et baignée dans un milieu sensible à l’art. C’est donc parce qu’elle est collectionneuse elle-même qu’elle a un jour l’idée de créer un événement qui lui ressemble. Elle reproduit ici tout simplement ce qu’elle faisait chez elle, avec ses amis. Car elle n’a pas son pareil pour vanter le travail et la sensibilité de tel ou telle artiste, sans jamais gonfler son discours de références encombrantes ou de considérations financières liées au « marché », même si elle est évidemment au fait du marché.
Entourée de jeunes historiens de l’art qui partagent sa passion, elle reçoit comme chez elle, avec générosité, quiconque aura la curiosité de se laisser surprendre, collectionneurs aguerris ou débutants, tentés par les « valeurs sûres » (Pierre Bonnefille, Hannes Peer, Jean-Michel Othoniel, Lionel Sabatté…) ou les nouveaux venus qui font déjà parler d’eux. Malo Chapuy par exemple, dont les icônes que l’on dirait russes et anciennes surprennent le visiteur attentif qui y découvrira des éléments d’architecture contemporaine (L’Annonciation du Couvent de la Tourette, c’est l’œuvre en béton du Corbusier transposée dans un anachronisme heureux !). Ou bien les grands tirages brumeux de Nicolas Dhervilliers dont on hésite à croire que ce ne sont pas des aquarelles ; elles sont le fruit d’un procédé unique alliant pastel et tirage… Ou les vases Totem de la jeune céramiste Katia Jacquet, inspirées des séries photographiques cultes de Bernd et Hilla Becher, dont l’épure laisse à l’imaginaire toute liberté de s’évader. Ou bien encore les toiles reproduisant fidèlement le quotidien de la jeune Louise Janet, scènes éloquentes dont la banalité apparente abrite la volonté de sauver de l’oubli la fugacité de précieux moments. Des œuvres qui touchent droit au cœur, de celles qui en effet incitent à commencer sur le champ, comme on tente une aventure, une collection.
> Private Choice. 7, avenue Franklin Roosevelt, 75008 Paris. Jusqu’au 22 octobre, accès illimité, de 12h à 20 h, sur reservation.