Comme chaque année, les pronostics allaient bon train ces derniers jours quant au nom du Pritzker Prize 2018, récompense suprême en matière d’architecture. Il y a quelques jours, la rumeur était venue de Richard Rogers, membre du jury, évoquant la vivacité de la scène indienne et sud-américaine dans une interview accordée à The Architect’s Newspaper. Mercredi 7 mars à 16h, la nouvelle s’est rapidement propagée depuis Chicago, annoncée par la Fondation Hyatt qui remet chaque année le prestigieux prix. Parfaitement inconnu du grand public, l’heureux élu se nomme Balkrishna Doshi. Il succède ainsi à RCR, auteurs du Musée Soulages à Rodez et lauréats en 2017.
A 90 ans, l’architecte indien est une personnalité discrète mais reconnue dans le monde de l’architecture. Depuis 70 ans, avec une centaine d’œuvres réalisées, ce disciple de Le Corbusier a fait preuve d’un engagement sans faille envers son pays natal. Installé à Ahmedabad, il s’est toujours attaché à mêler l’héritage moderne et sa culture indienne défendue avec ferveur. Architecte mais aussi urbaniste et enseignant, il a passé une partie de sa vie à œuvrer pour les plus démunis à travers des projets de logements qui ont forgé sa réputation.
En 2007, il fut lauréat du Global Award for Sustainable Architecture qui récompense des architectes engagés dans des démarches durables et participatives. En distinguant Balkrishna Doshi, le Pritzker Prize poursuit sur sa lancée. Après avoir systématiquement récompensé des starchitectes, souvent occidentales, le jury parvient depuis quelques années à créer la surprise : Wang Shu en 2012, Alejandro Aravena en 2016. Mais si la Fondation Hyatt a revu sa copie, cédant moins souvent aux sirènes de la facilité, la parité n’est malheureusement toujours pas à l’ordre du jour. Zaha Hadid demeure à ce jour l’unique femme à avoir obtenu le graal en solo en 2004.
Balkrishna Doshi est le premier architecte Indien récompensé par le Pritzker Prize mais aussi le plus âgé. Son prix, assorti d’un chèque de 100.000 dollars, lui sera remis le 16 mai prochain au musée Aga Khan de Toronto.