Largement cité par les Parisiens comme l’une des meilleures enseignes de burgers de la capitale (source : enquête interne à la rédaction d’IDEAT and friends), PNY se démarque aussi par la singularité de ses restaurants. Diner californien, écrin chic ambiance Orient-Express ou cantine technicolor, les adresses du groupe partagent une même carte mais s’émancipent côté architectural.
Au premier coup d’œil, deux styles cohabitent. Le premier, très élégant, porté sur des volumes suggérés, façonné par les matières. Le second, plus industriel, brut, new-yorkais en somme. On ne s’y est pas trompé, les adresses PNY n’ont pas toutes la même paternité. Le Belge Bernard Dubois et le studio parisien CUT Architecture se partagent en effet les lauriers.
Depuis son premier opus, Rudy Guénaire, fondateur de la marque, a choisi de mettre l’accent sur l’architecture de ses restaurants au même titre que sur la qualité de ses burgers. Il nous corrige quand on emploie le terme de « fast-food », le temps moyen à table dépassant en général l’heure. « Nos clients viennent chez PNY pour s’accorder une vraie pause, pas seulement dévorer un bon burger. » Les décors uniques des lieux ont-ils favorisé l’expérience à table ? Le concept aurait-il été assez fort pour amener les gourmands à s’éterniser sans ses atouts déco ?
CUT Architecture : la première vie de PNY
Quoi qu’il en soit, l’expérience est concluante quand, en 2012, les lettres « PNY » apparaissent pour la première fois sur une devanture aux airs de cinéma américain, rue Faubourg Saint-Denis. Un autre acronyme de trois lettres signe le décor de cette adresse inaugurale : CUT Architecture. Le studio parisien se verra par la suite confier par moins de cinq autres restaurants. A travers Paris et les années, CUT et PNY ont ainsi distillé un style résolument américain, inspirés de l’imaginaire de New York, Palm Springs, sans oublier L.A.
C’est ainsi que le second PNY, celui d’Oberkampf, un écrin de poche axé sur la street-food et les bières artisanales reprend les codes de l’Amérique vintage. Un billboard sans pub, éclairé au néon, fait office de cadre à la prise de commande. Dans le Haut-Marais, on remonte carrément aux années 50 avec un colorama inspiré de la pop culture et des murs défraîchis. A Pigalle, la musique est à l’honneur dans un restaurant où fourmillent les vinyles et grésille un juxebox authentique.
Dernier en date, le burger joint du Citadium Saint-Lazare convoque l’atmosphère surannée du Palm Springs d’un autre temps. Couleurs coucher de soleil, néons jaunes, jeux de lumière à travers le plexi… Ce mini-corner est le plus solaire de la marque à date.
Bernard Dubois : la relève
Rudy Guénaire continue d’explorer l’univers de PNY aux côtés de CUT Architecture mais aussi, plus récemment, de l’architecte belge Bernard Dubois. Une signature radicale et minimaliste qui se complait à brouiller les genres et les frontières. Pour la marque, il a signé les adresses du Faubourg Saint-Antoine, de Gaîté et de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.
« Les trois restaurants forment un ensemble cohérent par leurs matériaux et certains détails. Chacun tire parti du contexte et explore un thème différent. Le premier et le second sont tout en longueur. Ils jouent sur des divisions de l’espace, créant des perspectives. Le premier joue sur une ambiguïté de codes entre une architecture américaine d’après-guerre et des références plus tardives telles que Mario Botta, Hans Hollein ou Kazuo Shinohara. Le second est plus homogène dans ses références et rappelle plutôt Los Angeles, bien que les chaises dérivent de celles mises au point pour le premier. Le troisième restaurant crée son propre vocabulaire et s’affranchit des deux autres, ne rappelant les autres que par les matériaux et la lumière » explique Bernard Dubois.
Le temps de la maturité est-il venu pour PNY ? Rudy Guénaire l’assure, nous n’avons encore rien vu…