Si le designer relève lui-même les éléments récurrents présents dans son travail, comme les totems ou les sphères miroir, il déteste les codes. Ce sont pour lui des freins à la création. Il avoue se « scanner » régulièrement, en conservant un œil critique. Stéphane Parmentier produit aussi des objets à son nom, nés pour 70 % de ses envies et pour 30 % de ses chantiers, pour lesquels il conçoit pas mal de meubles un peu hybrides, entre bureau et console, par exemple, ou entre tabouret et banc. Actuellement, son studio planche sur une collection avec le ferronnier d’art Pouenat ; il promet quelque chose de déroutant qui mélange les matériaux. Parallèlement, une résidence à Saint-Barthélemy est en cours d’aménagement. Et aux États-Unis, il développe le département maison des magasins de mode The Webster de Laure Hériard-Dubreuil.
Côté textile, chez Cogolin, à propos de la collection « Nord/Sud », cet enfant de Nice nous décrit le souvenir tactile de tapis sur lesquels, enfant, il pouvait s’endormir. Résultat : des pièces fabriquées par la manufacture du Var, dont le relief reproduit le tracé graphique des pavés de Paris. Dans sa prime jeunesse, le design était directement lié à l’univers de l’aviation : « J’étais bouche bée devant tout, la moquette, le son ou l’intonation des voix d’aéroport. » Plus tard, chez Givenchy, il a travaillé sur les premières et business classes de la compagnie aérienne Singapore Airlines. Et il recommencerait volontiers. Concernant les boutiques, qui se doivent désormais d’être des « expériences », il lui importe d’y diffuser des « émotions ». Car « à force de vouloir proposer une expérience qui séduise tout le monde, on ne séduit personne, ou mal », clame-t-il.
On l’avait connu moins loquace chez Christofle. « Être D.A., c’est automatiquement être encadré,» confie-t-il. Celui-ci doit écouter, observer la marque, étudier son passé pour penser son futur en travaillant avec d’autres. » Il reste très fier de ses projets chez l’illustre orfèvre pour lequel il a créé la boutique phare de New York, mais aussi le vide-poche Nest. Son but d’alors était de changer l’image parfois négative de l’argenterie. Aussi a-t-il invité des designers à collaborer, le laissant convaincu de ce que les signatures extérieures sont essentielles pour les marques. Stéphane Parmentier adorerait pouvoir injecter dans un hôtel « émotion, qualité, personnalisation, douceur, surprise, vrai luxe, découverte des environs, histoire »… En bref, nous voir en repartir comme « un ami choyé et aimé ». Comment doser tout cela ? Pas de problème pour cet « amoureux des strates » au point de les créer lui-même ! Lui qui préfère inciter ses clients à plutôt acheter des œuvres d’art que du design et leur offre des livres sur l’histoire de leur mobilier… « Pour donner autre chose qu’une simple coquille », dit-il. Il tiendrait presque entier dans cette dernière phrase.