Loin de toute ambition démonstrative, il tente de faire accepter l’idée que la mise en œuvre d’une vaste zone aquatique de 7 000 ha là où elle se trouvait il y a encore « seulement » cinq cents ans permettrait de revenir à certains principes logiques de gestion de l’eau dans la cité.
Un homme, qui n’est ni architecte ni politique, n’est pas forcément de cet avis et caresse des ambitions autrement plus capitalistiques pour la ville. Il s’agit de Carlos Slim, dans le top 5 des plus grosses fortunes mondiales depuis plusieurs années, qui est en passe d’imposer son projet de construction d’un nouvel aéroport. Un chantier qui coûterait 13 milliards de dollars au bas mot pour la création d’un complexe autorisant le transit de 60 millions de passagers par an. Autant dire que cet aéroport deviendrait l’un des plus importants au monde.
Financier de premier plan, connu du grand public pour ses participations dans les télécommunications, Slim s’est déjà illustré dans un projet urbain d’envergure : la rénovation du centre historique de Mexico, un temps délaissé par les investisseurs. Après y avoir racheté à bas prix plusieurs dizaines de bâtiments, le magnat a tout mis en œuvre pour redorer le blason de ce quartier touristique (proche du Zócalo) et, par là même, réaliser une opération immobilière plus que profitable.
Pour l’aéroport, l’homme d’affaires a sollicité l’architecte anglais Norman Foster, secondé par un homologue mexicain : le très médiatique Fernando Romero, qui n’est autre que le gendre de Slim et l’auteur du musée Soumaya, dans le quartier de Polanco. Pour l’heure, le projet a déjà fait couler beaucoup d’encre, tant sur le choix des maîtres d’œuvre que sur le gigantisme du complexe, qui devrait prendre place dans une zone naturelle encore vierge de la métropole.
Autre fait notable, Foster entrerait ainsi dans le cercle très restreint des architectes non mexicains ayant construit à Mexico au cours de ce siècle et du précédent (rejoignant Mies van der Rohe, Tadao Ando, David Chippereld…). Ce qui confirme la complexité des paradoxes culturels de la ville et la difficulté qu’éprouvent les bâtisseurs étrangers à appréhender une telle diversité en vue de nourrir une architecture qui fasse sens.
La capitale mexicaine n’en demeure pas moins attrayante pour certains architectes internationaux, à l’image de l’Allemand Mathias Goeritz, qui y prit ses quartiers dans les années 30, ou, plus récemment, des Français Emmanuel Picault et Ludwig Godefroy, eux aussi totalement tombés sous le charme de cette dynamique urbaine.
En témoigne également le duo germano-mexicain Zeller&Moye, qui a fait le choix d’une implantation à la fois à Berlin et à Mexico pour trouver une forme de liberté et proposer une dimension expérimentale encore possible ici.