artères, la promenade de la Réforme et l’avenue des Insurgés (longues d’environ 15 et 30 km respectivement), scandent la ville, désormais composée de quelque 16 délégations et 400 quartiers (les colonias). Faut-il néanmoins préciser que les Espagnols se sont efforcés, au cours des décennies suivant leur installation, d’assécher le lac au point de le faire totalement disparaître et d’assurer ainsi à la métropole une expansion sans entrave ? Finalement, après trois cents ans d’occupation coloniale, le Mexique déclare son indépendance en 1824. Va pourtant s’ensuivre une période de près d’un siècle de troubles, un temps calmés par la présidence de Porrio Díaz (de 1876 à 1880, puis de 1884 à 1911), qui tente de mettre son pays au diapason du capitalisme mais que la révolution (1910-1920) va faire tomber.
D’un point de vue culturel, cette phase de bouleversements engendre un Mexique nouveau qui voit naître une scène architecturale souhaitant s’inscrire dans le processus de la modernité, notamment pour répondre aux besoins de l’industrie et à l’exode rural, qui explosent à partir des années 40.
Le gouvernement d’alors comprend la nécessité de « bâtir utile » et accompagne largement le financement de cette production. L’esprit du Bauhaus mais aussi l’influence de Le Corbusier sont au rendez-vous, et l’on parle d’un modernisme avant tout fonctionnel, qui doit répondre au développement de la société. Les réalisations d’architectes tels que Pedro Ramírez Vázquez, Ricardo Legorreta ou encore Mario Pani illustrent parfaitement cet essor. On doit notamment à ce dernier le spectaculaire ensemble d’habitations Nonoalco-Tlatelolco (1960-65), qui, avec ses 102 immeubles aux contours rectilignes, s’affichait comme le second plus important complexe résidentiel sur le continent nord-américain (mais que le tremblement de terre de 1985 a très largement endommagé). Dix ans auparavant, Pani s’était aussi fait remarquer à travers le projet de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), qu’il codirigea avec Enrique Del Moral. L’entreprise a sollicité pas moins d’une soixantaine d’architectes, ingénieurs et artistes, dont Juan O’Gorman, auteur de la célèbre fresque murale de la bibliothèque centrale, qui marqua le style de l’UNAM.
D’aucuns considèrent que la réalisation de ce campus, qui incluait d’ailleurs (avant l’heure des JO de 1968 ! ) le stade olympique, signe un véritable tournant dans la production architecturale du pays. Car ce projet, qui visait à combiner urbanisme, architecture, beaux-arts, paysagisme mais aussi traditions artisanales et références préhispaniques, interroge profondément l’identité mexicaine. Non loin de là, sur la veine de roches volcaniques qui sillonne la zone de San Ángel, l’architecte Luis Barragán développait, depuis le milieu des années 40, le programme d’El Pedregal, un ensemble de résidences haut de gamme basé sur une recherche d’harmonie entre l’architecture et le paysage. Barragán ne fit pas partie de l’équipe choisie pour l’UNAM, sa démarche n’ayant aucune