Alors que le thermomètre poursuit sa plongée hivernale, on nous invite à la plage à travers une exposition richement documentée qui retrace la conquête des bords de mer. « Aller à la plage, aller la mer » : cette pratique aujourd’hui parfaitement ancrée était d’abord curative avant de devenir une activité ludique très prisée.
Née en Angleterre vers 1730, la villégiature a rapidement essaimé sur les côtes occidentales. Les stations balnéaires éclosent, empreintes d’un certain manichéisme les opposant aux villes industrielles au climat jugé malsain. Âge d’or, le XIXe siècle voit se multiplier les projets soutenus par des investisseurs. Car si se baigner demeure gratuit, une véritable économie se cache derrière ces opérations. D’abord élitistes et réservées à la haute bourgeoisie, elles vont se démocratiser dans les années 1930.
L’essor des transports (bateaux, chemins de fer, automobiles) comme la généralisation des congés payés favorisent cet engouement. Pour répondre à la demande se développent des villes balnéaires souvent créées ex nihilo. Des programmes architecturaux innovants et de nouveaux modèles d’urbanisme investissent massivement le littoral, sans parfois aucun état d’âme pour la nature : digues-promenades, jetées-embarcadères, funiculaires puis grands ensembles…
À travers 400 objets, œuvres et documents, l’exposition « Tous à la plage ! » donne à voir une iconographie réjouissante, des affiches vantant les mérites du Touquet ou de Trouville, d’autres, des crèmes solaires, mais aussi les premiers maillots de bain jusqu’aux utopies un peu folles des villes flottantes. Sans éluder les problématiques de l’écologie et de la protection que pose cette urbanisation forcée, Dubaï et Abou Dhabi cristallisant la mondialisation du tourisme balnéaire. L’exposition est assortie d’un catalogue très complet, première étude internationale sur le sujet. En couverture, les Pyramides de La Grande-Motte ou le symbole, tant décrié, de cet essor.
« Tous à la plage ! ». À la Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris (XVIe). Citechaillot.fr
Jusqu’au 12 février.