Podcast : Manuelle Gautrand se livre en aparté

IDEAT lance sa chaîne de podcasts ! Pour inaugurer cette série d’interviews au long cours avec les plus grands designers et architectes, nous vous proposons d’écouter l’entretien que nous a accordé Manuelle Gautrand…

Entretien : Ciguë, collectif d’architectes à contre-courant

Lecteur du hors-série Architecture n°22, vous cherchiez à découvrir en images l’atelier du collectif Ciguë à Montreuil ? Rendez-vous sur cette page.

Parmi ses derniers projets en date, Manuelle Gautrand vient d’inaugurer un immeuble dans le XIIIe arrondissement parisien, où la végétation a précédé l’arrivée des locataires, et un équipement public en Australie qui ne laisse jamais l’ombre porter plus de 20 minutes sur la place qui le borde… Bref, l’une des plus talentueuses architectes françaises, continue de mener en France et à l’étranger son ambition d’enchanter la ville, avec passion.

Dans son agence située face au bassin de l’Arsenal, où nous l’avons rencontrée, Manuelle Gautrand a pris le temps de nous confier ses réflexions sur son métier de bâtisseuse au XXIe siècle. Un métier de combat, dit-elle, un métier de responsabilité aussi, car l’architecte est soumis à de nombreux impératifs, environnementaux, patrimoniaux et sociétaux.

S’occuper de l’humain avant les matériaux

Ni sa positivité ni son engagement n’ont été émoussés par la crise. Viscéralement européenne, elle nous parle de responsabilité collective, d’esprit militant mais aussi d’inventivité. Pour elle, l’écologie, ce n’est pas une affaire de matériaux, c’est d’abord s’occuper de l’humain et se préoccuper du contexte historique et socio-culturel dans lequel on construit. Elle revient justement, pour illustrer sa démarche, sur la genèse du bâtiment Edison (Paris XIIIe) qui comprend un potager sur le toit et une énorme jardinière à chacune des 300 fenêtres. Une manière de réintroduire la nature non pas de façon décorative mais pour se re-familiariser avec elle.

La crise a renforcé ses convictions : refuser l’étalement urbain et pour cela parler d’intensité plutôt que de densité urbaine, arrêter de vouloir construire du neuf et plutôt travailler sur des projets de restructuration, soigner les centres en déshérence. Régénérer la ville pour qu’elle reste vivante, à la manière d’un acupuncteur.

L’architecte comme un chef d’orchestre

Manuelle Gautrand explique aussi combien les villes sont sous pression, car il faut sans cesse accueillir de nouveaux publics, résister à la privatisation de la cité ; elle milite pour que l’on lutte contre le générique, le « corporate » et le simplisme, afin qu’au contraire on cultive l’identité des villes.

Dans l’anticipation permanente, l’architecte doit rester au cœur du programme de construction et occuper, comme un chef d’orchestre, un rôle central dans une époque de plus en plus complexe. Rester surtout celui qui apporte la beauté, qui donne de l’émotion. Une dimension esthétique qui n’est pas quantifiable mais que pour autant il faut revendiquer puisque c’est ce qui fait qu’un jour, un bâtiment sera patrimoine, ou pas.
« Toute crise a donné lieu à une période de créativité, d’inventivité et d’énergie décuplée », dit-elle. Un enthousiasme communicatif plus que jamais précieux à découvrir via les liens ci-dessous.

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