Daniele Lora, en tant que directeur artistique de cc-tapis, pourquoi avoir choisi de vous allier à Philippe Malouin pour dessiner cette nouvelle collection ?
Daniele Lora : J’ai toujours suivi attentivement le travail de Philippe. J’aime sa façon, toujours sobre, d’aborder un projet. L’année dernière, lorsque nous avons commencé à « incuber » la collection « Gesture », nous avons immédiatement pensé que sa démarche correspondrait à ce que nous avions en tête. Nous avons échangé des premières idées, des pensées… A partir de là, le projet d’une gamme complète, modulable et basée sur une ligne très simple, est né. Et voilà !
Et pour vous, Philippe Malouin, en quoi était-ce évident d’accepter cette collaboration ?
Philippe Malouin : J’étais attiré par ce projet car il me semble que cc-tapis réalise le travail le plus intéressant en matière de tapis. La qualité et la diversité de leur catalogue en témoignent.
C’est la première fois que vous dessinez une gamme de tapis, cela représente un défi particulier ?
Philippe Malouin : Je suis quelqu’un qui pense beaucoup en trois dimensions. J’ai tendance à me sentir plus à l’aise avec la forme et la sculpture. Alors créer quelque chose en deux dimensions était un vrai challenge. J’ai traité ce projet de la même manière qu’un autre. J’ai dessiné quelque chose que j’achèterais pour moi-même et que je ne trouvais pas sur le marché. Dans le cas de la série « Lines », il s’agissait d’un tapis simple, sans « design », qui a l’air d’avoir été conçu sans effort. Je crois que ça a marché…
De quel concept est née la collection ?
Daniele Lora : « Lines » est une collection de tapis à la fois minimale et essentielle, avec une palette blanc cassé et monochromatique très simple. Cette gamme est née d’expérimentations et de croquis réalisés avec des pastels gras. Instinctivement, Philippe a tracé des lignes parallèles et s’est concentré sur leur irrégularité. Il s’est dit qu’il serait intéressant de la répliquer sur un tapis. Puis, le design a évolué via des essais, des erreurs. Ce processus expérimental fait partie intégrante de l’esthétique finale.
Quelles sont les techniques utilisées ?
Philippe Malouin : En étroite collaboration, Daniele Lora et moi avons décidé de combiner l’artisanat tibétain avec une technique très habile de « trempage » afin de colorer la laine de l’Himalaya. Cette combinaison permet de retranscrire l’imprécision des dessins originels, leurs lignes irrégulières et leurs tons doux et nuancés. Cet effet est encore accentué lors de la production, lorsqu’un tisserand prend le relais d’un autre. Chaque tisserand utilise une pelote de fil différente, ce qui crée comme un « bug » dans le motif. De cette manière, chaque tapis acquiert un aspect irrégulier et complètement unique, toujours différent d’un modèle à l’autre.
Comment avez-vous élaboré la palette de couleurs ?
Philippe Malouin : Je voulais quelque chose qui convienne à tous les intérieurs, les espaces résidentiels comme commerciaux. De ce fait, la palette se devait d’être simple, intéressante et accueillante, en évitant toute couleur excentrique. Nous nous sommes concentrés sur les couleurs primaires, diluées dans des tons plus légers, inspirés par les nuances des pastels gras. Le tout est associé au blanc cassé, afin de créer un ensemble désirable.
> Auteur de la série « Lines », Philippe Malouin est le premier invité de la collection « Gesture », la nouvelle gamme de cc-tapis, imaginée avec les designers Patricia Urquiola, Sabine Marcelis, Yuri Himuro and Mae Engelgeer, à découvrir au cours des prochains mois…