Pedrali en chiffres
- Année de création : 1963
- Effectif : 210 personnes
- Chiffre d’affaires 2015 : 72 M€
- Superficie totale : 89 000 m2
Les entrailles des immenses presses à injection expulsent une chaise en polypropylène ou en polycarbonate toutes les deux à huit minutes. On a peine à croire que ces monstres de métal, dont les moules en acier Inox pèsent entre 11 et 17 tonnes, puissent produire des pièces aussi parfaites à partir de petites billes de plastique chauffées à 300 °C. Rien d’étonnant pourtant : chez Pedrali, les machines sont du dernier cri, remplacées tous les deux ou trois ans pour rester à la pointe, améliorer en permanence la qualité et produire de nouvelles formes. Une septième presse vient d’ailleurs de rejoindre l’un des trois bâtiments qui composent l’usine de Bergame de cette marque de mobilier d’intérieur et d’extérieur. Les quantités de pièces en plastique produites chaque jour sont impressionnantes. « Pour ces gammes, il faut du stock pour pouvoir répondre rapidement à la demande, précise Monica Pedrali, présidente de l’entreprise avec son frère Giuseppe. Pour le mobilier en métal, en revanche, nous appliquons le lean management : nous ne fabriquons que ce qui est commandé, pour une gestion au plus juste, et une livraison en une semaine au maximum. » Cette efficacité se retrouve partout chez Pedrali. L’entreprise investit de 8 à 10 % de son chiffre d’affaires dans l’innovation. C’est ce qui lui a permis de présenter en 2008 le fauteuil Pasha, de Claudio Dondoli et Marco Pocci, alors le plus grand fauteuil en polycarbonate du marché, ou de pouvoir créer des assises en double injection, comme pour la chaise Tweet, de Marc Sadler.
Pedrali, ce n’est pas que le plastique. L’entreprise possède un autre site de production à Manzano pour le bois, un matériau qu’elle explore depuis dix ans maintenant. Et elle a acquis une véritable expertise dans ce domaine, à l’exemple de la chaise Frida, d’Odo Fioravanti, qui a remporté le Compasso d’Oro ADI il y a cinq ans. Le métal est quant à lui traité ici, à Bergame, et a été le premier matériau utilisé en 1963 par Mario Pedrali, le fondateur de l’entreprise. Les tubes d’acier sont achetés au format nécessaire, là encore pour limiter les déchets. Une machine de découpe laser permet la réalisation de formes particulières pour optimiser l’assemblage. Les soudures et le polissage sont réalisés par des machines pour un rendu parfait, à l’exception de certaines pièces qui nécessitent une expertise humaine.
Durabilité avant tout
L’entreprise est très attentive à l’environnement et au caractère durable de ses produits. « Ils sont totalement recyclables, explique Monica Pedrali. Plus que cela, ils doivent être résistants dans le temps, mais aussi dans leur style simple, sans trop de décors, et dans leurs coloris. C’est pourquoi nous ne produisons qu’en une dizaine de couleurs. C’est une prise de risque, mais elle fonctionne, comme avec la chaise Ice en orange, qui a été un vrai succès en 2001. » Avec dix nouvelles familles de produits par an, l’usine a besoin de place pour fabriquer et stocker ; une extension est en cours, la septième depuis sa création. Ce nouveau bâtiment de 5 000 m2, haut de 28 mètres, sera un entrepôt entièrement automatisé pouvant accueillir 16 200 palettes sur dix niveaux. Réalisé par l’architecte Cino Zucchi, il sera totalement intégré au paysage. « Notre famille est originaire de la région, et nous tenons à préserver cette dernière », indique Monica Pedrali. Pour marquer cet intérêt, un concours a été organisé avec l’école du village pour demander aux enfants d’imaginer ce nouvel entrepôt, et Pedrali a participé à l’extension et au perfectionnement énergétique de l’école.
Dans le showroom attenant, inondé de lumière, un vrai ballet de formes et de couleurs attend le visiteur. Sur de grands cercles, les chaises Koi-Booki et Gliss, de Claudio Dondoli et Marco Pocci, la table Ikon, de Pio et Tito Toso, jouxtent des estrades où s’exposent les collections. L’œil est attiré par les canapés de la collection « Social », de Patrick Jouin, et par la collection « Nolita », de Simone Mandelli et Antonio Pagliarulo, allusion aux origines de l’entreprise. En embrassant le lieu du regard, on a l’impression d’avoir déjà croisé chaque produit. Ce qui ne serait pas étonnant : l’entreprise réalise 80 % de son chiffre d’affaires dans le contract, et fournit hôtels, restaurants, aéroports ou musées…