Un lac, une île et une grande bâtisse qui somnolait entre deux noces. L’endroit est charmant, romantique, hors du temps, un peu loin de tout, et résonne encore des clameurs de la Belle Époque. Guinguette, grisette, opérette !
Dans les années 1930, le Cercle des patineurs faisait le plein. L’été, le tennis était le nouveau sport en vogue. Pour accéder en automobile, un pont remplaça la passerelle. Un hôtel et un zoo firent un temps partie du tableau. Le lieu doit son nom exotique à un couple d’ibis installé par l’exploitant d’un casino qui n’obtint jamais la licence des jeux. Aujourd’hui, des bernaches du Canada nichent sur les rives et ravissent toujours les promeneurs, les courts de tennis sont encore là et la grande maison au style anglo-normand a eu droit à une seconde jeunesse.
Pour réveiller cette belle endormie, la nouvelle direction a mis la barre carrément haut. Le chef du Grand Véfour (Paris Ier), Guy Martin, choisi comme parrain, a mijoté une carte « en résonnance avec cet environnement simple et bucolique, qui évoluera comme lui avec les saisons et les arrivages de nos producteurs locaux. Il y aura même un potager pédagogique pour les enfants. » Résultat : cinq entrées, huit plats (foie de veau confit, betteraves braisées à l’hibiscus ou rouget-barbet rôti, foie en compote, poireau et jus aux bâtons de réglisse…), les fromages affinés par Bernard Antony, un chariot de pâtisseries et des prix dodus – qui ne fondent guère en semaine au déjeuner (menus à 45 et 55 euros).
Après quelques corrections architecturales d’usage et une refonte complète des cuisines, le volet décoratif signé Jérôme Faillant-Dumas, curateur de luxe, a pris le parti du jardin d’hiver. La grande salle en rotonde de cent couverts joue sur le blond et le bleu, l’or et le velours, les éclairages subtils, les tapisseries Pierre Frey. Son élégance retrouvée, la gentilhommière a de belles fêtes devant elle.
> Le Pavillon des Ibis. Île des Ibis, 78110 Le Vésinet. Tél. : 01 85 39 10 14.