S’assoupir au cinéma, ça arrive à tout le monde, même aux plus cinéphiles. Mais dormir au cinéma, dans un vrai lit king size, ça n’arrive qu’ici, et autant vous prévenir, vous garderez les yeux grands ouverts. Imaginez : chacune des 34 chambres (et des deux suites) devient votre salle de projection privée. C’est le génial pari d’Elisha et Nathanaël Karmitz, les fils du cinéaste distributeur et exploitant Marin Karmitz, qui ont convoqué la crème des créatifs pour mettre leur projet d’hôtel Paradiso à exécution. Commençons par les deux suites qui occupent tout le septième et dernier étage. Elles sont les seules à offrir la technologie pour voir les films à l’affiche dans les six salles du MK2 Nation voisin. Le check-in se fait à partir de 16 heures, le check-out est fixé à midi. Ainsi, leurs 40 m2 poussent à convier deux ou trois amis pour partager l’expérience.
La vie est belle
À peine arrivé, on compose le numéro du room-service, « 007 » (ça ne s’invente pas), et hop : pop-corn, bagels guacamole ou pastrami, planche veggie, matcha cookies (délicieux), cocktails ou vin millésimé by Francis Ford Coppola, tout est fait pour vivre une projection unique. Il faut simplement se mettre d’accord sur le choix du film. En plus d’offrir l’accès à six catalogues, donc des centaines, voire des milliers de possibilités, la tablette numérique avec son interface (développée par Bowo) est votre premier assistant : contrôle des lumières ambiantes, son Dolby numérique, vidéo-projecteur et grand écran (de 2,5 mètres de large), mais aussi la playlist concoctée par l’auteur-compositeur-interprète Woodkid ou la conciergerie ad hoc (VTC, guide de Paris, etc.).
Le cinéma de papa… (mais pas que)
Du côté de l’écran, le cinéma d’art et d’essai est mis à l’honneur par MK2 Curiosity, et les partenariats avec Mubi ou Carlotta Films sont complétés par les offres d’Arte, Netflix, MyCanal ou encore Disney+. « Chaque semaine, une programmation de films et de séries issus des plateformes est proposée aux clients de l’hôtel. Elle est éditorialisée par les équipes de MK2 et de Trois Couleurs, notre magazine de cinéma. On peut même la recevoir tous les lundis via notre newsletter », explique Nathanaël Karmitz. À cela s’ajoutent la PlayStation (en option) et une DVDthèque sur le palier de chaque étage. Blockbusters de l’année ou films cultes d’hier, ce n’est plus une nuit blanche que vous allez vivre, mais un festival ! Enfin, pour une intimité à deux sans rogner sur ce classieux scénario, la Junior Suite Paradiso, avec sa baignoire face à l’écran, est un rêve !
Derrière l’architecture impeccable du bâtiment confiée à l’agence DVVD, la déco de l’hôtel, signée Alix Thomsen, tient de la nouvelle vague actuelle : béton banché, mood scandinave, teintes rabattues, étoffes moelleuses, tout tend vers une épure sophistiquée. Bref, un arrêt sur image que l’on aimerait prolonger ad vitam aeternam. À saluer, la mise en lumière de Philippe Collet (une star dans son domaine) particulièrement soignée, tant pour la façade de l’immeuble que pour les chambres.
Le goût des autres
D’autres collabs viennent servir cette mise en scène léchée. « On voulait avant tout donner une âme à ce lieu en faisant appel à nos amis artistes. Christian Boltanski est un proche de notre père, Marin Karmitz. De la même façon, avant que JR soit connu dans le monde entier, on l’a accompagné dès son premier film. Idem pour Alexandre Mattiussi, à la tête de sa maison AMI, qui a créé toutes les tenues du staff. Quant à Woodkid, on l’a rencontré lors de nos événements Cinéma Paradiso. C’est quelqu’un qui s’inspire beaucoup du cinéma dans ses compositions », poursuit Elisha. D’autant que la superproduction Paradiso ne s’arrête pas aux portes des chambres. Pour les beaux jours, le ciné-club sur le toit-terrasse offre une jolie vue et La La Land, la salle de karaoké vouée aux musiques de film, promet déjà de jouer à guichets fermés.
> Hotel Paradiso. 135, boulevard Diderot, 75012 Paris. Tél. : 01 88 59 20 01.