Qu’il fait bon de retrouver le travail d’Andy Warhol à Paris ! Une poignée d’années après la rétrospective « Unlimited » du Musée d’Art Moderne, c’est cette fois-ci la Galerie Italienne d’Alessandro Pron et Raphaëlla Riboud-Seydoux qui accueille l’œuvre de l’artiste sur ses cimaises. Une exposition entièrement consacrée au travail photographique de Warhol.
Une œuvre méconnue
Si l’on connaît bien ses montages en Technicolor et ses fameux screen-tests, les photos d’Andy Warhol sont, elles, restées plus confidentielles. L’une des raisons en est l’incendie qui ravagea la première Factory, lieu de vie et centre de création où l’artiste expérimentait et recevait d’autres artistes en résidence, à New York. En 1968, la Factory renaît au sixième étage du 33 Union Square West et Warhol demande à son amie Pat Hackett d’en devenir une sorte de documentaliste. Celle qui tiendra aussi le rôle d’éditrice de ses magazines effectue dès lors un impressionnant travail d’archivage, notamment de ses travaux sur pellicule. Une tâche bienvenue grâce à laquelle l’exposition « Andy Warhol : Instantanés » est aujourd’hui possible.
Andy Warhol : photographe compulsif
Parce que Warhol photographiait tout ce qu’il croisait et demandait à ses assistants de la Factory de mitrailler chacune des âmes qui y mettait les pieds, l’héritage photographique du père du Pop art est sans égal. Polaroids, photomatons mais aussi et surtout tirages argentiques, : il usa de tous les supports pour immortaliser les contours de sa vie trépidante. Les stars, qui fascinaient Warhol, jouent les vedettes sur bon nombre des réalisations exposées à la Galerie Italienne. De Grace Jones à Debbie Harry (Blondie) en passant par son meilleur ami/ennemi Jean-Michel Basquiat et le journaliste de mode André Leon Talley, les étoiles de l’époque se mêlent à de plus rares natures mortes.
A l’image de son travail sur toile, Andy Warhol s’est également appuyé sur la photo pour créer de toute pièce des œuvres uniques. C’est ainsi que l’exposition s’achève sur les « Stiched Photographs », une série de tirages en noir et blanc cousus les uns aux autres qui marqua la dernière exposition organisée par son vivant par l’artiste, en janvier 1987, soit six semaines avant sa mort.
Andy Warhol : Instantanés
L’intégralité des clichés présentés à la Galerie Italienne a été prêtée par le collectionneur James Hedges. Investisseur passionné originaire du Tennessee, il acquiert son premier tirage, un Polaroid de Debbie Harry, a à peine 20 ans. Il effectue par la suite un impressionnant travail de dénichage des clichés les plus rares de l’artiste, jusqu’à se lier avec Pat Hackett qui lui lèguera une grande partie de ses archives. Quarante ans plus tard, James Hedges est à la tête de la collection la plus complète de photographies d’Andy Warhol.
Une infime partie de ce trésor est aujourd’hui présenté à la Galerie Italienne en trois sections : d’abord les Polaroids et photomatons, puis une série de nus baptisée « Sex Parts & Torsos » et enfin les fameuses photographies cousues, des clichés souvent identiques que Warhol assemblait avec du fil et une aiguille. Tout au long de l’exposition seront publiés sur le compte Instagram de la galerie des anecdotes inédites et des conférences en vidéo, avec notamment le concours de la biographe Natasha Fraser-Cavassoni et d’André Léon Talley.
> « Andy Warhol : Instantanés ». Jusqu’au 10 avril 2021 à la Galerie Italienne. 15, rue du Louvre, 75001 Paris.