Le projet était très attendu des japonophiles et autres amateurs de design en provenance du Pays du soleil levant ! Et l’endroit saura à coup sûr les combler car il ne ressemble à rien de ce qui peut exister en France en matière d’art de vivre japonais. Ceux qui ont fait le voyage à Tokyo ont déjà pu découvrir les restaurants, boutiques et arts de la table que Shinishiro Ogata a essaimé depuis une vingtaine d’années, à la fois pour son propre compte (Higashiya, Yakumo Saryo, Baishinka, Wasara, S…) ou pour d’autres comme l’hôtelier Andaz ou la marque de cosmétique Aesop.
Le plus souvent, la gastronomie occupe une place centrale dans la réflexion. « La cuisine est essentielle pour moi car c’est un vrai moment de partage et d’échanges », souligne l’esthète. Mais de ne pas limiter l’émotion aux plaisirs du palais, Ogata cherche en fait à mettre en éveil tous les sens. « Plus que des mots ou des images, c’est l’expérience physique qui doit primer pour qui veut appréhender au mieux ma vision de la création. » A savoir une esthétique à la fois formelle, gustative et sensorielle… qui se nourrit de la tradition japonaise pour livrer une expression plus que contemporaine… atemporelle !
A Paris, le projet rassemble sur 800 m2 tout l’univers du créateur, rassemblé pour la première fois sous la bannière d’OGATA. Sur quatre niveaux, on peut venir acheter des objets d’art de la table ou des délicatesses (les wagashi), déguster ou s’approvisionner en thé, boire un cocktail ou un verre de saké, prendre un repas le midi ou le soir… dans l’atmosphère d’un hôtel particulière du XVIIe siècle entièrement revisité par Shinichiro Ogata et son agence de design Simplicity. Au total, pas moins de huit espaces complémentaires composent cette offre inédite qui s’apparente à bien des égards à un centre culturel. Des assises à la verrerie, des céramiques recouvrant le sol au cordon servant à fermer un emballage, pratiquement 100 % de ce qui est présenté a été imaginé par cet architecte d’intérieur de formation qui sait mieux que quiconque dynamiser l’artisanat japonais. « Il existe un risque certain de voir disparaitre tous ses savoirs-faire artisanaux, c’est ce qui a attisé mon envie de les entraîner dans la modernité. Et en même temps, les faire sortir de leur zone de confort pour éviter leur extinction. »
Il aura fallu plus de trois ans et demi de travaux pour parvenir à ce niveau d’excellence. Des ouvriers sont même venus du Japon pour réaliser certains aménagements spécifiques intégrés, à l’image du plâtre Shikkui qui recouvre les murs. « Je sais où je veux aller mais sans l’aide de ces experts artisanaux, je n’atteindrais pas cette qualité », plaide le maître des lieux. Mais au final, pourquoi investir tant de moyens à Paris, au-delà de ce qu’il a pu entreprendre à Tokyo ? Car cette ville reste à ses yeux un centre culturel mondial. Une destination incontournable pour pouvoir étendre la diffusion de son esprit de la création.
> OGATA. 16, rue Debelleyme 75003 Paris. ogata.com