A la fois désuet et terriblement moderne, Gros Bao a tout pour réveiller un Paris à peine sorti de son hibernation post-confinement (même si, malgré l’ouverture de quelques nouveaux spots, les habitants de la capitale semblent tous partis en vacances…). Sa décoration est too much. Sa cuisine est too good. L’ensemble, que l’on doit à la Bao Family (Céline Chung et Billy Pham), déjà parents de Petit Bao, est évidemment diablement séduisant…
Pour Gros Bao, le studio Mur.Mur n’a pas hésité à jouer les funambules. En additionnant une bonne dose de pop culture aux codes traditionnels des cantines chinoises, les architectes d’intérieur Lucie Lepage Depreux et Benoît Huen réussissent pourtant leur exercice d’équilibristes. Le lieu s’enveloppe ainsi d’une laque rouge intense ponctuée d’une armada de petits lustres identiques au plafond, tous chinés à Hong Kong. Les tables en Formica vintage prennent le parti de la simplicité pour laisser les plats qui s’y posent, servis dans une vaisselle traditionnelle, prendre toute la lumière. Une pointe d’humour se glisse dans les commodités, recouvertes des tapisseries de Sarah Martinon qui rappellent volontiers les fameux aquariums que l’on pouvait trouver dans les restaurants des années 90.
Le duo Mur.Mur a choisi de laisser intacte la structure du lieu et de voir dans la distribution des volumes originelle un heureux hasard. A l’étage, par exemple, la découverte d’une grande baie vitrée parcourant tout le long de la salle a immédiatement donné l’idée d’une loggia surplombant le canal Saint-Martin. Idéale pour profiter de la vue et de l’extérieur par tout temps. Au rez-de-chaussée, la cuisine s’ouvre sur la salle, pour laisser aux curieux le loisir de contempler la confection des fameux baozi.
Venons-en donc aux baos !
Après avoir été servis sous la forme de raviolis cuits vapeur puis poêlés – les xiaolongbao – chez Petit Bao, Gros Bao met les bouchées doubles. La star de ce nouveau restaurant, ce sont les baozi ! Ces belles brioches fourrées, aussi cuisinées sous leur forme cantonaise Char Siu Bao, se déclinent en version carnivore, végétarienne mais aussi sucrée. Elles s’accompagnent d’une carte généreuse proposant les plats traditionnels des cantines chinoises : pancakes à la ciboule, aubergines piquantes, poulet sel & poivre, riz sauté aux œufs… Que les puristes se rassurent, le canard pékinois est lui aussi à la carte mais, attention ! Il n’est disponible que pour dix heureux élus à chaque service. Il faudra donc arriver tôt pour avoir la chance de goûter au sacré Graal.
La soif sera assez logiquement épanchée par un succulent thé chinois maison (aussi disponible glacé ou en version Bubble Tea). A moins que l’humeur soit à la fête et que les réjouissances ne s’invitent à table… Plus parisienne et contemporaine, la sélection des boissons (vins naturels de l’agence Soif, bières artisanales et cocktails aux tonalités asiatiques) est servie directement à la tireuse, dans une logique de réduction des déchets.
> Gros Bao. 72, quai de Jemmapes, 75010 Paris. Pas de réservation.