Trois ans après la disparition de l’architecte catalan, son héritage perdure. Parfois incompris pour sa modernité radicale, Ricardo Bofill (1939 – 2022) laisse derrière lui des constructions qui ont marqué leur époque. Dans les bureaux de son agence, Ricardo Bofill Taller de Arquitectura (RBTA), installée à Barcelone, on croise architectes et ingénieurs, évidemment, mais aussi sociologues et philosophes. Une équipe aux facettes multiples qui démontre un désir de construire allant jusqu’à repenser les sociétés par l’urbanisme et proposer une architecture humaniste. Récemment, le studio a dévoilé un projet aligné à la vision du maestro : le Red Sol Resort, directement inspiré de La Muralla Roja (1973), sûrement son œuvre la plus célèbre.
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Le Red Sol Resort, digne héritier de la Muralla Roja
En 2025, les équipes désormais à la tête du studio Ricardo Bofill Taller de Arquitectura dévoilent les prémices d’un projet bourré de codes chers à l’architecte catalan – la précision géométrique, les jeux d’échelles, l’importance laissée au vide… – : le Red Sol Resort. “Sa conception s’inspire des projets de logements du studio des années 1960 et 1970, en particulier La Muralla Roja, confirment les architectes dans un communiqué. Ces projets s’inspirent du modèle historique de la « kasbah », un village – ou une ville – fortifié, situé stratégiquement dans le paysage, souvent près de la côte et protégée par une forme architecturale complexe.” L’héritage de Bofill est toujours bel et bien vivant.








Le Red Sol Resort, situé à flanc de mer, perché sur les montagnes de la côte albanaise, est majoritairement composé de cubes ajoutés les uns aux autres. Une architecture en partie influencée par le terrain difficile sur lequel le resort doit être bâti, que l’agence espagnole refuse d’altérer, préférant s’adapter en composant avec sa verticalité et son rythme saccadé. En résulte un bâtiment aux allures de château fort des temps modernes. Les blocs clos abritent les espaces privés, chacun d’entre eux prenant une forme différente, encore une fois dans un souci d’adaptation au terrain et à ses contraintes.
Village communautaire 2.0
Les espaces serpentent autour de ces carrés de terre rouge, invitant les occupants à échanger, rappelant la notion de communauté si chère à Ricardo Bofill. “Au-delà de la protection, la disposition complexe des espaces interconnectés au sein de la kasbah favorise l’utilisation partagée des zones et des ressources, renforçant ainsi les relations entre les résidents, créant ainsi une communauté vibrante et interconnectée. Cette tradition de partage et de connectivité se reflète dans l’architecture du Red Sol Resort, dont les villas sont reliées entre elles par un réseau d’escaliers extérieurs, de ponts et de passerelles, aux airs de château”, précise l’équipe de Ricardo Bofill Taller de Arquitectura.
Si la forme de la construction interpelle, sa couleur, d’un rouge profond, attire le regard au prime abord, tranchant avec le bleu de l’eau et le vert vibrant de la végétation environnante. Cette teinte d’argile a été choisie pour valoriser les terres du sud de l’Europe. Mais en entrant dans les villas du Red Sol Resort, le contraste est saisissant. À l’intérieur, la couleur disparaît au profit d’une palette douce et d’un blanc clinique, presque éblouissant, qui domine les espaces ouverts vers la mer.
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