Si Joanna Laajisto a choisi l’architecture d’intérieur, c’est d’abord en raison de son attention pour la nature et l’environnement, ancrée en elle depuis l’enfance. Également attirée par la mode, elle a très tôt senti que cette discipline lui permettrait d’avoir un impact plus durable, à plus long terme. Ce sont ses années de snowboardeuse professionnelle pour l’équipe de Finlande qui l’ont amenée en Californie, où elle a commencé sa formation et sa carrière d’architecte. De retour à Helsinki il y a dix ans, elle y a fondé son propre studio, où elle a accueilli IDEAT le temps d’un thé et d’un entretien en toute intimité…
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Joanna Laajisto : Partout ! Je vois, j’entends et j’enregistre beaucoup de choses, mais c’est quand je m’arrête, quand je fais une activité d’apparence très banale, comme faire la vaisselle ou prendre une douche, que tout se clarifie. C’est vraiment drôle, on reçoit beaucoup d’informations mais c’est quand on se donne du temps qu’elles commencent à se formaliser. En général, quand je commence à concevoir un projet, je recueille autant de données que possibles sur le client, le site, son historique, puis je les laisse murir dans mon esprit. Je veux un peu de temps avant de commencer à travailler. Ça commence à fonctionner dans mon cerveau et ensuite ça clique. Les idées viennent à moi et je ne peux pas les forcer.
A quoi ressemble votre processus créatif ?
C’est un dialogue continu avec le client. Ce que j’aime, c’est collecter toutes les informations dès le début. Mais ensuite, j’ai besoin de tranquillité pour développer le concept. Quand nous le présentons, je veux que tout soit déjà pensé, jusqu’au moindre détail, qu’il y ait les coussins et les bougies ainsi que les éléments structurels. C’est de cette façon que le client peut percevoir le projet dans sa globalité. Puis on échange à nouveau. Et enfin, quand tout est décidé, nous passons aux documents de travail. Ce processus amène structure et confort ; dans ces conditions, vous savez que tout ira bien. La partie sur laquelle j’essaie vraiment de travailler, c’est de laisser de la place à l’insécurité, oser rester dans le flou et ne pas trouver de solutions aussi longtemps que je peux. Parce qu’une fois que tout est figé sur papier, il est mentalement difficile de faire des changements.
Un peu de douceur dans le fonctionnalisme finlandais
Qu’est-ce qui rend le design finlandais si spécial par rapport au design scandinave?
L’honnêteté et la fonctionnalité. Les pièces de design finlandaises ont une raison d’être, nous ne sommes pas des décorateurs. Être fonctionnel est très intemporel et très durable. Ce que j’essaie de faire, c’est apporter à cette fonctionnalité finlandaise, un peu de douceur, d’émotions et de sentiments, et peut-être même une touche féminine, car c’est un design qui peut être assez dur.
Etes-vous plutôt architecture commerciale ou résidentielle ?
90 % de notre travail se fait avec des hôtels. Nous avons peut-être un projet résidentiel à la fois… Avec les hôtels, on pense à l’utilisateur final, mais on peut aussi être plus abstrait. Pour du résidentiel, il faut vraiment penser à cette personne, comment elle aime ranger ses chaussettes. On ne peut pas avoir sa propre vision. D’une certaine manière, c’est moins créatif.
Vous ne pouvez pas vivre sans…
La forêt ! Et ma famille…
Une ville où trouver l’inspiration ?
Je les aime toutes ! Voyager dans différentes villes est un excellent moyen de trouver l’inspiration parce qu’on regarde autour de soi avec des yeux totalement différents de ceux qu’on pose sur sa ville natale. J’aime Stockholm, Paris, Londres, New York… Toute ville avec ce genre d’énergie ou d’atmosphère.
Un rêve pour demain ?
Maintenir l’équilibre travail/vie personnelle !